Chapitre 42

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Contenu sensible

Dans l'ombre des cieux, Asad écoutait avec une douce sérénité les supplices de ses ennemis. Chaque cri, chaque gémissement était une mélodie qui exaltait son âme.

Autour de lui, le champ, autrefois doré, s'étendait en un tableau macabre, peint de teintes à la fois déchirantes et passionnantes.

Dans l'air, il y'avait un doux murmure de mort qui dansait au rythme effréné des armes, regorgeant le sol du sang de ses ennemis... emplissant l'atmosphère d'un parfum métallique et répugnant.

Son front perlait de sueur, mais il ne désirait point s'arrêter. Il ne se sentait pas fatigué, comme consumé par une tentation sadique, une sorte d'extase.

Il voulait perdurer l'agonie, se délecter de ce réconfortant carnage.

_ Mufasa ! Cria-t-il en dominant l'assemblée d'une voix de gorge, un fin sourire au visage ; Sors. Sois un homme et viens m'affronter.

_ Affronte moi d'abord sale tyrannique ! Hurla un révolté en assénant le premier coup par surprise, seulement, son moment de gloire fut de courte durée.

Le cheikh, dans une danse mortelle, accueillit son adversaire avec une assurance glaciale, ne trahissant aucune once de peur.

Toutefois, ce n'était pas assez. Il n'était pas rassasié.

D'un geste brusque, il abandonna l'énième corps sur le sol, ses yeux scrutant déjà sa prochaine proie. Puis, dans une barbarie primitive, il laissa tomber les armes.

Il voulait goûter au contact brut de la chair.

C'était une urgence.

Pressamment, il esquiva son ennemi d'une agilité précise avant de l'enchaîner entre ses doigts, infligeant une douleur mortelle à qui osait l'affronter.

C'était sauvage et terrifiant. C'était un spectacle désolant où la fureur des hommes se faisait plus dévastatrices les unes que les autres. Mais, aucune ne dépassait celle du cheikh.

Dans un étau de fer, le roi enserra la gorge de son adversaire, laissant le sang gicler de cette étreinte brute, nourrissant l'effroi en tous ceux qui osaient les regarder.

_ Qui d'autre ? Proposa-t-il en laissant tomber le corps gisant, les yeux vitreux ; Qui d'autre souhaite prendre la place de Mufasa ? Répéta-t-il en tournant sur lui-même, les bras accueillants, imposant un silence incommode ; Oh non, non ! Ne vous arrêtez pas ! Continuez, je vous prie. Je préfère la mélodie de vos cris.

Les mots d'Asad résonnèrent dans l'air mais aucun ne se porta volontaire pour répondre à son appel.

Le silence continua de s'imposer, enveloppé dans une terreur éloquente où chacun redoutait être la prochaine victime de sa soif insatiable.

_ Personne ?

Dans une satisfaction malsaine, le roi afficha une petite moue enfantine en faisant mine d'être blessé.

_ Aucun volontaire ? Répéta-t-il en regardant les peu de rebelles debout, les jambes flageolantes comme des fillettes avant qu'un pas lourd se fasse entendre.

Quelqu'un venait de l'approcher, défiant son autorité et accentuant son appétit davantage – et pas n'importe lequel.

Des yeux azurs qu'il tardait de rencontrer.

_ Regardez qui nous fait honneur de sa présence. Murmura-t-il sombrement en invitant ses hommes à applaudir dans une frénésie démentielle ; Le seul et unique Mufasa. Le fameux Mufasa !

_ Tu me gâtes mon cher ! Cesses tes louanges ou je vais finir par y croire. Il rétorqua en roulant des yeux, faisant mine d'être touché par les mots sourds de son ennemi juré qui s'impatientait de sombrer dans une ultime bataille ; Vois-tu, si je suis ici, c'est bien pour te proposer un petit volontaire qui, je suis certain, éradiquera ta rage.

_ Si ce n'est pas ta personne, ça sera un énième gâchis.

_ Je sais que tu es épris de moi, mais ne t'inquiète pas, tu vas t'amuser. Lui répondit-il du tac au tac en prétendant frissonner de ses attentions ; Car, qui ne s'amusera pas avec sa propre catin ?

Les mots étaient acerbes, animant un sentiment insidieux de doute où Asad craignait de comprendre.

Comme le venin, ils s'insufflaient en lui, mordant ses chairs au passage et faisant vaciller son assurance.

Que savait-il ?

_ J'ignorais que je possédais une catin. Argua-t-il au bout d'interminables secondes, sa voix calme masquant son tumulte intérieur.

_ Alors elle doit bien cacher son jeu, mais ne t'en préoccupes pas, j'ai pris la peine de la purifier pour toi.

Cette déclaration implicite résonna comme une détonation, érodant la certitude d'Asad sur son passage tandis que son interlocuteur le fusillait d'une malice cruelle, visiblement surpassant ses propres préparatifs.

_ Votre majesté, ne faites pas attention à ses propos et laisse-nous en finir une fois pour toutes.

C'était sage à dire, mais Mufasa détenait quelque chose.

Il avait clairement une longueur d'avance dont il semblait reposer ses chances pour les vaincre, et il avait besoin de s'assurer de ce que c'était.

_ Tu m'étonnes de pouvoir purifier qui que ce soit avec tes péchés, mais allez-y, invite-moi ton volontaire qu'on clôture ce chapitre.

_ Prudemment exprimé mon cher ! Prudemment exprimé. Lança-t-il, la voix teintée de défi tandis que d'un geste brusque et sardonique, il intima à Faza de faire entrer leur douce invitée, la révélant à tous.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant