Chapitre 9

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_ Je savais que sa tête me disait quelque chose. Déclara Belle assise devant son ordinateur ; Tiens ! Regarde.

Shama s'approcha pour lire l'article que lui montrait son amie.

'' Le cheikh sans cœur d'Al-Khayyam ''

Le titre fut suffisant pour lui donner la chair de poule, et elle y trouva une énième raison pour refuser.

Elle ne voulait pas accepter, mais la somme exorbitante qu'il lui a proposée plus tôt n'était pas sans la laisser de marbre.

_ Je n'arrive pas à croire qu'on a hébergé un roi chez nous. S'exalta Amanda en tapant des mains.

Amanda et Belle semblait plus contentes de découvrir l'identité des deux hommes qu'inquiètes pour elle.

_ Un million. Tu te rends comptes Shama ? Un million !

_ Tu n'as pas besoin de me le rappeler. Souffla-t-elle en croyant encore rêver.

Asad El-Muqtadir lui a laissé du temps pour concerter sa famille, mais les minutes semblaient s'écouler à une vitesse folle.

Il voulait une réponse à l'heure qui suit et tout en Shama lui criait de refuser, à l'exception de sa situation financière.

Avec cet argent, Shama n'aura pas besoin de travailler pour les prochains mois. Elle pourra se concentrer sur ses études pour avoir son diplôme avec une mention honorable.

_ Tu ne peux pas refuser Shama. Tu serais folle de le faire. Lui cria Belle en tentant de la convaincre. Et puis regarde, ce n'est pas un quelconque, c'est un roi. Il ne peut rien te faire.

_ Au contraire, il peut tout faire justement. Même museler la presse s'il venait à me tuer.

Elle sera chez lui, dans son pays dont la réputation était rétrograde. Elle sera à sa merci, sous des lois qu'il a établies lui-même avec son aura effrayante et son humeur colérique.

De surcroit, si elle se référait aux médias, elle serait forcée de croire que les droits des femmes étaient bafoués sur ses terres.

_ Tu crois sincèrement qu'il va risquer sa réputation pour si peu ? Et puis ce n'est que pour une semaine.

C'est bien la seule chose qui la poussait à considérer cette proposition surréaliste.

<< Une semaine. >> lui a-t-il promis.

_ Tu vas découvrir une nouvelle culture. Toi qui as toujours rêvé de voyager.

Belle était douée pour dénicher ses points faibles. Elle savait manipuler ses mots pour l'amener à céder.

En effet, Shama a toujours voulu partir ailleurs. Elle voulait s'immerger dans les diverses coutumes et apprécier l'art de vivre du monde.

Mais Al-Khayyam était différent. Ce n'était pas un pays ordinaire.

C'était un désert où la vie était aride.

_ Tu sais que si je venais à accepter ça serait uniquement pour le travail.

Belle se contenta de hocher des épaules comme pour signifier qu'elle ne pouvait pas savoir, mais Shama savait. Elle savait qu'aller à Al-Khayyam reviendrait à patauger dans l'ennui. Alors, elle se contentera de se soumettre à ce qu'elle sait faire le mieux pour rentrer plus vite.

Shama jeta une énième fois un coup d'œil à l'horloge avant de se laisser tomber sur le lit.

La boule au ventre, elle compta les minutes qui lui restaient encore avant de se retrouver devant cet homme terrifiant qui semblait la jauger mal.

En proie à un malaise, Shama profita d'être encore dans sa chambre pour se calmer.

Elle se répétait les mots rêches du roi en tentant de trouver une faille qui la pousserait à refuser, mais n'en trouva aucune.

Il semblait avoir étudié chaque mot à la lettre et elle se sentait prise au piège.

Asad regarda la porte en bois en s'impatientant de devoir attendre.

Il tapait d'un pas bourru sur le sol comme pour faire passer cette pénible heure qui semblait figée dans le temps, le poussant ainsi à explorer une nouvelle vertu qu'il ne se connaissait pas.

_ Il me semble que cette jeune femme m'apprendra bien des choses. Railla-t-il à lui-même.

Enfin, le bruit de la serrure se fit entendre et Asad se précipita de se relever.

Le visage de Shama lui apparut, et il n'eut aucun mal à y lire de la crainte. Une crainte qu'il se jurât d'effacer.

Elle tenait son pull deux fois plus large dans ses mains en le tordant furtivement comme pour calmer une angoisse.

Ses mèches indisciplinées lui tombaient sur le visage, camouflant ses traits fins qui ravivaient un délicieux feu en ses chairs.

Fermant les yeux un instant, Asad tenta de se retenir d'aller remettre ses cheveux en place et se concentra sur ses expressions.

Il voulait lire en elle. Connaître sa décision.

_ Qu'est ce qui vous fait croire que je serais à la hauteur ?

Sa voix était tremblotante, signe qu'elle considérait sérieusement les choses.

_ Je pense qu'il suffit de regarder vos toiles pour le savoir.

_ Mais ce n'est pas la même chose...

_ En effet, ce n'est pas la même chose. Asad marqua un temps d'arrêt pour mieux se plonger dans ses yeux luisants ; C'est encore mieux. Vous serez rémunérée pour votre travail.

Elle était sur le point de céder et Asad cacha sa satisfaction de la savoir bientôt chez lui.

Elle n'était pas que belle. Elle était parfaite.

Plus il la regardait, plus il avait la conviction de ne pas s'être trompé.

_ Et si vous n'aimez pas ?

_ Aucune chance là-dessus.

Shama poussa un long soupir en se sachant vaincu.

Elle qui cherchait à expérimenter quelque chose de nouveau, était servie.

Dans quelques heures, elle sera à l'autre bout du monde. Seule.

Pour une semaine, elle pourra sombrer dans sa passion une deuxième fois.

Prendre un pinceau entre ses doigts lui a tant manqué et Shama pouvait déjà sentir l'ivresse du moment.

Mais elle avait peur, et le regard presque méprisant du cheikh ne l'aidait en rien.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant