Chapitre 11

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Shama s'était attendu à mettre pieds dans une terre abîmée par la chaleur étouffante du sud.

Une terre stérile et dépourvue de vie.

Telle fut sa surprise quand une touffe de végétation entourée de dunes sculptées par le vent l'accueillit.

A l'horizon, le soleil rencontrait une oasis verdoyante, offrant ainsi un paysage saisissant.

Ses rayons rougeâtres se déployaient sur le sable en des reflets chatoyants.

Il y'avait une beauté en ces lieux qu'elle ne saurait décrire par les mots, et Shama se réjouissait d'avoir accepté de venir.

Al-Khayyam ne semblait pas si mal au final.

_ Tenez. Mettez ceci sur votre tête. Ordonna le roi en lui tendant un large chapeau. Il nous reste quelques minutes pour arriver au palais.

Shama avait oublié ce détail.

L'homme qui se tenait à ses côtés gouvernait ce pays, et elle était son invitée.

_ Je vais séjourner dans un palais ? Demanda-t-elle en ayant du mal à y croire.

_ Naturellement. Pourquoi ? Il y'a un problème ?

Elle se hâta d'agiter de la main en peinant à cacher sa joie.

La route se fit en silence et en de brefs instants, un majestueux domaine apparut.

_ C'est magnifique ! Souffla-t-elle émerveillée.

Asad lui offrit un doux sourire au rétroviseur qu'elle remarqua à peine, trop concentrée à étudier ce décor.

_ Vous allez vous plaire ici. Assura le roi en coupant le moteur.

La voiture eut à peine le temps de s'arrêter qu'un homme soigneusement habillé vint lui ouvrir la portière.

Elle balbutia un faible merci avant de se tenir calmement derrière Asad pour se protéger de tout ces gens qui les entouraient.

Il y'avait beaucoup de monde pour les accueillir, accentuant le poids de cet homme qu'elle connaissait à peine.

_ Bonsoir votre altesse. Commença un homme d'une cinquantaine d'année en venant à leur encontre.

Ils échangèrent des mots en leur langue natale et plus tard Asad se retourna vers elle.

_ Voici Razia, elle s'occupera de vous.

Shama acquiesça puis reporta son attention sa la vieille dame qui lui souriait chaleureusement.

Elle tenta de se présenter à elle, mais la dame semblait la connaître déjà.

_ Voilà votre chambre madame. Dit-elle en ouvrant une large porte au premier étage.

Shama fit passer la tête la première pour découvrir les lieux et elle n'en fut pas déçue.

La chambre était immaculée de blanc.

Au centre, deux petits fauteuils ornés de motifs floraux étaient disposés autour d'une table basse en bois sculpté.

Au sol, un tapis tissé avec soin qu'elle devina douillet sous les pieds était parsemé de coussins finement brodés.

Shama s'avança encore plus dans la suite et repéra un lit surélevé un peu plus loin. Dans des nuances de blanc cassé et de crème, des draperies en soie pendaient majestueusement, offrant une chaleureuse intimité à son occupant.

_ Quelle est cette odeur ? Demanda-t-elle en humant un fort parfum qu'elle ne connaissait pas.

Elle arrivait à distinguer des effluves de roses et de bois, mais il y'avait une odeur plus... puissante.

_ C'est du musc madame.

Shama inspira l'air une seconde fois pour imprégner cette délicieuse fragrance.

Elle était fatiguée et l'élégance de la chambre la poussait à vouloir s'allonger sur ce lit aux arabesques délicates pour mieux profiter de ce confort inattendu qui lui offrait le répit qu'elle avait secrètement espéré.

Au milieu de ce sanctuaire d'abondance, Shama voulait mettre la peur qu'elle vouait au cheikh de côté et savourer pleinement cette expérience inédite.

Elle savait que ce ne serait pas facile. Pas quand le cheikh lui-même semble chercher à l'intimider de son regard.

Chaque fois que ses yeux se posaient sur elle, elle avait l'impression d'y voir des éclairs jaillir furieusement.

Elle aurait voulu connaître ses pensées, déchiffrer son regard, mais le cheikh était impénétrable, ne trahissant aucun indice.

Razia semblait avoir compris les intentions de la jeune femme et la laissa se reposer seulement après lui avoir déclaré que ce qu'elle cherchait à fuir voulait la voir à table pour ce soir.

Elle acquiesça en silence, comprenant qu'elle ne pourra pas échapper à cet homme.

Elle espérait ne pas avoir à l'affronter chaque jour.

Bien qu'elle se sentait mal pour la surcharge de travail qui l'accablait, elle espérait tout de même qu'il croule encore plus sous ses obligations pour ne plus avoir à le voir.

C'était son seul espoir pour ne pas avoir à subir son regard énigmatique.

Demain, elle aussi devra se mettre au boulot, et Shama ne saurait décrire ce sentiment de satisfaction qu'elle ressentit rien qu'en y pensant.

Elle avait l'impression d'être comblée dans un certain sens, et bien qu'elle ne voulût pas se l'avouer, le cheikh a soigneusement veillé sur elle tout au long du voyage.

Il a pensé à tout.

De son confort jusqu'au petit chapeau pour éviter les mauvaises surprises.

Il la protégeait même des secousses en faisant passer son bras recouvert de poils pour la retenir.

Mais Shama n'oubliait pas que derrière ce côté protecteur qu'il lui a dévoilé plus tôt, il y'avait un homme presque impossible à subir.

Un homme dur et imposant qui semblait constamment en proie à une colère sourde.

Un homme qui la faisait frémir à chaque fois que son regard rencontrait le sien.

Un homme différent de ce qu'elle avait l'habitude de côtoyer, et ça, ça lui faisait peur.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant