Chapitre 26

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_ Que comptes-tu faire maintenant que tu détiens la vérité ?

Asad étudia le dossier une deuxième fois en faisant taire cette pointe qui lui comprimait le cœur de la savoir orpheline.

_ C'est absurde. S'exclama-t-il après un lourd silence ; Elle ne peut pas avoir menti.

_ Ainsi tu la soupçonne d'être la maitresse d'un homme engagé ? L'accusa son frère en déambulant librement dans le bureau ; C'est pire voyons.

Il se détestait de ne pas pouvoir arpenter la pièce autant qu'il voulait comme s'amusait à faire son frère.

Sa blessure lui causait toujours des gênes par moments alors qu'il mourrait d'envie de faire les cents pas pour évacuer cette bouffée de chaleur.

_ Serait-ce fou de le penser ? Demanda le roi en ayant du mal à comprendre le sens des choses.

_ Non. Mais, il serait fou de l'aimer si c'est le cas.

Zayd avait raison.

Si ça s'avérait être la vérité, Asad piétinerait son cœur.

Au diable ses sentiments !

_ Ne veux-tu pas simplement lui demander ?

Ça serait plus facile certes, mais beaucoup plus pénible.

Et si elle confirmait ses craintes ?

Au moins, dans le déni, Asad pouvait se raccrocher au faible espoir que tout soit un mensonge.

_ J'y penserai. Avoua-t-il dans un souffle empreint de fatigue.

_ Tu ferais mieux de le faire vite alors. Elle s'en va dans une heure. Lâcha Zayd de but en blanc comme s'il ne venait pas de propulser une bombe.

_ Une heure ? Répéta le cheikh en ayant du mal à y croire ; Et le travail alors ?

_ Je te rappelle que grâce à un certain séjour à Khandra, elle a eu trois longues journées pour s'y livrer mon cher frère. Déclara Zayd en croquant nonchalamment dans sa pomme ; Sur ce, je te laisse réfléchir.

Zayd quitta la pièce, laissant son frère seul à ses tourments.

Les regrets tournoyaient dans son esprit à mesure qu'il se remémorait sa fuite impulsive.

Ainsi, la jeune femme partait.

...

_ Vous rentrez ?

Shama se retourna de sa valise pour affronter Razia qui venait de la rejoindre.

_ Oui. Je reviens chez moi. Souffla-t-elle sans masquer la vague de tristesse qui déferlait en elle.

Ce séjour, bien que court, a été un chaos de sensations.

De la haine jusqu'à la jalousie sourde qui lui comprimait le cœur à la simple vue de Sabina, Shama a eu son lot.

Elle n'avait jamais ressenti un tumulte aussi contradictoire de sa vie.

Un coup elle détestait le cheikh et l'instant d'après elle s'exaltait à l'idée qu'il puisse la regarder.

Plus fou encore, elle l'imaginait l'aimer.

Sa façon de la regarder, sa façon de lui parler...

Ses petits mots...

_ D'ailleurs, Razia. L'appela-t-elle soudain alors qu'elle se mouvait jusqu'à elle ; Qu'est-ce que ça veut dire ha...

Shama tenta de reproduire les sons qu'elle avait si souvent entendu.

Le cheikh a tellement répété ces petits mots qu'elle s'en rappellerait pour le siècle à venir. Seulement, la langue lui faisait défaut.

_ Oui ?

_ Vous savez ce mot qui sonne comme habety...

Elle avait du mal à prononcer ces lettres dures qui roulait avec une sensualité naturelle entre les lèvres maigres du cheikh.

Elle espérait que Razia puisse la comprendre dans sa tentative maladroite.

Elle voulait sincèrement savoir ce qu'Asad l'appelait pendant tout ces jours.

Etait-ce un mot doux ?

_ Habety ? Répéta Razia sans comprendre.

_ Oui. C'est en votre langue. Il sonne plus dur et plus rude quand vous le dites.

Shama s'impatientait alors qu'elle avait cessé de ranger ses affaires.

Tout ce qui l'importait était de réussir à transmettre son idée à la vieille dame.

Elle ne savait pas ce qu'elle espérait derrière cette envie abrupte de comprendre, mais, Shama avait le fort pressentiment que ce mot détenait le pouvoir de tout changer.

Et alors qu'elle perdait espoir, le regard de la gouvernante s'illumina lui procurant un élan d'espoir .

Et c'est ainsi que dans un sourire réconfortant, elle se moqua gentiment de ce qu'elle définissait comme un gazouillement.

Mais, Shama n'avait pas le cœur à rire.

Elle voulait connaître le mystère qui se cachait derrière ce murmure, et ne manqua pas de le faire savoir dans une atmosphère électrifiée d'une tension palpable.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant