Chapitre 24

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Asad était un homme bien trop fier pour se soumette à cette voix qui lui insufflait de se retirer du tableau.

_ Qui est cet homme ? S'emporta-t-il en débarquant dans la chambre sans y être invité.

Shama sursauta alors que le cheikh venait d'enfoncer la porte d'un coup vigoureux.

Il portait sur son visage les traits d'un homme indigné.

_ Que faites-vous là ? Demanda-t-elle en tirant sur les couvertures, comme pour se protéger.

_ Qui est cet homme ? Répéta-t-il les yeux en sang.

Il était en proie à une avalanche d'émotions qu'il aurait pu tuer l'inconnu s'il avait eu le malheur de se présenter à lui.

Il ne supportait pas l'idée de la savoir proche d'un homme, et sa bouche déformée en témoignait.

_ Qui est cet homme ? Hurla-t-il plus fort encore jusqu'à faire trembler les murs.

Shama ne comprenait pas ce qui se passait.

En le voyant arriver en trombe, elle a cru qu'il s'était décidé de la punir de son audace. Seulement, sa colère semblait liée à une autre affaire.

Était-ce interdit pour une femme de converser avec un homme sur ses terres ?

Elle se rappelait encore de cet article qui laissait supposer qu'Al-Khayyam était un pays où la religion était vénérée.

_ Qu'est-ce que ça vous fait de savoir ? Dit-elle dans un souffle de courage, aiguisant la colère du cheikh.

_ La vraie question qui se pose est qu'est-ce que ça vous ferait de pas répondre ?

La brune avait peur.

La colère de roi ne semblait pas prête de s'apaiser et elle commençait à craindre pour sa vie.

Encore une fois, le cheikh semblait lui reprocher une chose qu'elle ignorait.

Plus tôt, Shama a fait la bêtise de répondre sans regarder le numéro.

Elle a cru que Belle avait oublié de lui mentionner un détail, et s'est empressée de décrocher.

Cependant, ce n'est pas la voix mélodieuse de son amie qui l'accueillit, mais une bien plus sinueuse qu'elle reconnaitrait entre mille.

Charles, qui la harcelait par message, n'avait toujours pas baissé les bras.

Son obstination répugnante le poussa à l'appeler au milieu de la nuit, comme s'il y'avait encore quelque chose à dire.

Pourtant Sarah, sa fiancée, a été claire. Charles et elle étaient destinés à se marier.

_ Répondez ! Parlez ! Somma-t-il alors que la jeune femme tremblait déjà sous la force de son regard.

Elle ne voyait pas d'explication à sa réaction, si ce n'est que la presse n'avait pas menti.

Le cheikh était réellement un homme de religion qui veillait à respecter les ordres sacrés du livre.

Ainsi, il lui était interdit d'être proche d'un homme à moins... à moins qu'il soit...

_ Mon fiancé. Cet homme est mon fiancé.

Sous l'agitation du moment, Shama n'avait trouvé aucune solution à part s'adonner à un mensonge qu'elle espérait, jamais révélé.

Seulement, quand elle croisa le regard du cheikh, une boule l'étreignit lui oppressant la gorge.

Ses yeux jadis empreints de chaleur étaient désormais voilés par une émotion insondable.

Il y'avait une lueur terne qu'elle aurait pu confondre avec un profond chagrin si elle ne le connaissait pas.

Chaque regard qu'il posait sur elle était chargé d'un poids invisible, comme s'il portait le fardeau des mots qu'ils avaient échangés.

Ses pupilles reflétaient un abîme de désillusion, et pourtant, dans un élan de démence, il sourit.

Le cheikh, incontrôlable, se mit petit à petit à rire dans des éclats tous droits échappés des abysses de la folie, qui, dans un tourbillon tumultueux, semblait avoir raison de lui.

Asad sentait la démence l'engloutir lentement comme une brume insidieuse qui voile l'âme.

Il avait du mal à se repérer dans ce mirage étouffant.

Il y'avait une désillusion dans l'air, une sorte de chaos.

Il a beau tenté de se retenir à un fil de la raison, il n'en trouva aucun.

Même sa vision semblait lui jouer des tours, tachetant le visage de sa princesse de sombres points vagues.

Elle Iui parlait mais son rire noyait ses mots indistincts.

Tout ce qui l'importait en ces instants était de retrouver cet homme.

Voire cet homme.

Connaitre cet homme qui lui a volé sa dulcinée.

Il ne pouvait pas se permettre de sombrer dans la folie.

Pas encore.

Il avait encore un maigre espoir de l'avoir.

Oui. Le cheikh n'allait pas baisser les bras.

S'il le fallait, il supplierait son opposant de lui laisser sa dulcinée, parce que lui... lui avait besoin d'elle.

Lui, ne survivrait pas sans elle.

Lui, tomberait fou sans elle.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant