Chapitre 30

1.1K 64 0
                                    

_ Que se passe-t-il ? Il demanda en regardant sa mine... déçue.

_ Disons que je ne m'attendais pas à ça. Elle déclara innocemment en le regardant s'allonger sur le canapé qui ornait la tente, loin d'elle.

_ Vous ne vous attendiez pas à quoi ? A dormir de sitôt ? Il questionna en lui souriant délicatement, s'amusant à la faire parler ; Je vous rappelle lalla que je suis encore blessé, et que je souffre péniblement de ma plaie après tous ces heures de route. Et puis, il se fait tard.

_ Je conçois, mais...

Shama ne savait point comment lui avouer son désir de l'avoir près d'elle. Elle voulait l'inviter à la rejoindre sur ce lit trois fois plus grand qu'elle, mais avait peur que sa proposition ne soit pas la bienvenue. Après tout, il restait un homme de religion.

_ Mais, ne serait-ce pas préférable de dormir sur un lit dans votre état ?

_ Et faire dormir mon amour sur un maigre canapé ? Quelle absurdité !

_ Dans ce cas-là, partageons.

Asad, à l'entente de ses mots, esquissa un faible sourire, comme si lui aussi désirait ardemment la même chose, mais qu'il s'y refusait.

Il restait là, immobile, son regard trahissant un mélange d'ardeur et de retenue.

On pouvait y lire l'envie de céder à cet allèchement, et pourtant, il restait fort.

_ Venez moulay. Elle l'invita, allongée sur ce lit, les cheveux éparpillés sur l'oreiller, respirant la tentation dans toute sa splendeur.

Le cheikh, sentant son membre réagir à cette image sans son consentement, ferma les yeux un instant pour se ressaisir.

Le poids de son devoir pesait lourd sur ses épaules, et Asad se détestait d'avoir retardé leur union.

Il n'aurait jamais dû prendre la peine d'apprendre à mieux se connaître d'abord. C'était une idiotie de sa part, une bévue à laquelle il devait se soumettre désormais.

_ Patience habibty. Patience.

Shama le regarda sans comprendre alors qu'il inspirait comme un ogre, le souffle saccadé et les yeux assombris par une lueur intense.

_ Mais j'ai peur. Avoua-t-elle en tirant sur les couvertures, son geste chargé d'une tension nerveuse, en proie à son imagination débordante.

Perdue au milieu du désert, elle avait l'impression de voir des ombres les guetter. De sentir des bêtes aiguiser leurs canines pour mieux les dévorer.

_ Peur de quoi ? Il demanda en se redressant dans un léger gémissement, tentant de dominer la situation.

_ De fennecs ou encore de scorpions. De bêtes sauvages moulay.

A cette simple pensée, la jeune femme chercha plus de réconfort dans ses couvertures en s'y engouffrant de plus en plus.

Son esprit vagabondait dans les bruissements du vent qui semblaient transporter avec eux un danger imminent. Il donnait l'impression de hurler, oppressant plus profondément la noirceur de la nuit.

Malgré la magnificence des étoiles qui se dressaient dans le ciel, le lieu semblait bien trop assombri, faisant naître en elle une nouvelle vague de peur.

_ La seule bête sauvage ici c'est moi. Décréta-t-il dans un souffle délicat en l'invitant à lui faire confiance, malgré sa condition ; Personne d'autre que moi.

En se tenant la plaie, Asad tenta d'avancer jusqu'à elle pour mieux échouer sur son lit.

Elle le regardait timidement en se mordant les lèvres sans se douter un instant de l'effet dévastateur que ça avait sur lui.

_ Et pour les petites bestioles ? Elles risquent de m'empoisonner si elles me pincent. S'exclama-t-elle en rabattant les couvertures sur elle jusqu'à voiler son visage, comme pour se protéger du potentiel danger qu'elle s'inventait en son esprit.

Asad, incapable de se retenir devant cette image enfantine qu'elle renvoyait, sombra dans un profond rire de gorge qu'elle admira secrètement.

En effet, les ridules qui se formaient au coin de ses yeux lorsqu'il riait gonflaient son cœur d'affection, l'emportant avec eux dans un rire mélodieux et sincère alors qu'elle laissait tomber les couvertures sur le côté, légèrement rassurée.

_ Vous avez chaud ? Il demanda en la voyant dévoiler son corps à sa vue.

_ Extrêmement chaud. Nous sommes dans le désert je vous rappelle votre altesse.

_ Mais ce n'est pas une raison habibty. C'est le soir, vous risquez de tomber malade. Il avoua en l'invitant à remettre les couvertures sur son corps, dissimulant la réalité où il était simplement épris de sa peau diaphane qui diffusait une chaleur fiévreuse jusqu'à ses chairs.

_ Je ne risque pas de tomber malade. Pas alors que des jours prometteurs m'attendent.

Assurément, elle brûlait d'impatience de découvrir ce que l'avenirs avait à lui réserver, en compagnie de cet homme qui la regardait avec une tendresse infinie, un amour sincère.

Dans ce désert, avec ses vastes étendus de sables et son ciel infini, elle vibrait d'une énergie nouvelle comme assoiffée de vivre chaque instant avec tout l'élan qu'elle pouvait.

_ Vous avez raison, demain une longue journée nous attend. Vous feriez mieux de dormir. Lui intima-t-il en cédant à ce désir brûlant de la toucher.

D'une main fébrile, le cheikh remit une mèche derrière ses oreilles en sentant la froideur de sa peau contraster avec la chaleur de la sienne, comme une délicieuse brûlure.

Ce simple contact fugace, chargé de significations, était suffisant pour suspendre le temps. Ce simple frôlement était suffisant pour les plonger dans une mer indicible, une intimité intense et prononcée.

Cette furtive caresse... ce moment de proximité bref sonnait comme une promesse muette de ce qui pourrait être. De la passion insondable qui les attendait s'ils venaient à franchir cette frontière fragile qui se dressait entre eux.

_ Bonne nuit lalla Shama. Susurra-t-il en mettant fin à ce cri effroyable qui lui sommait de braver l'interdit, de la posséder.

_ Bonne nuit moulay Asad.

ShamaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant