Chapitre 9 : Mes limites ne seront jamais un secret pour toi.

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S'il y a bien une chose que Giulia appréciait, c'était la tranquillité que lui apportait son bureau. Son travail était prenant, affreusement prenant. Et même si elle avait fait en sorte que son équipe soit indépendante, il n'en restait pas moins qu'elle avait sur les épaules la responsabilité d'une agence qui ne finissait pas de grandir. Bob restait un pilier essentiel, son fidèle soldat, peut-être même son général en chef. L'ex-majordome prenait son rôle tellement à cœur que Giulia ne s'occupait à présent que d'une poignée d'acteurs triés sur le volet. Soit des nouvelles recrues dont elle ne laisserait la responsabilité à personne d'autre comme Raphaël, soit des pointures qui la sollicitaient peu avec qui elle travaillait depuis bien longtemps. Voilà qu'en sept ans, le job de Giulia avait tant évolué qu'elle ne recrutait plus des acteurs mais de nouveaux agents.

C'est Bob qui avait eu cette merveilleuse idée, un soir où il avait dû repasser à l'agence très tard suite à l'oubli d'un dossier. La lumière du bureau de Del Vecchio était allumée et il avait d'abord cru à un cambrioleur. Si bien qu'il avait saisi une agrafeuse, la plus grosse qu'il avait trouvée, et était entré dans le bureau avec force et fracas. Il s'était retrouvé trop vite devant Giulia et ils avaient hurlé tous les deux, se terrifiant mutuellement.

- Mon pauvre ami, que pensez-vous faire avec cette agrafeuse ? avait crié la brune en posant une main tremblante sur son cœur.

- Bah, et vous ! Vous ne dormez jamais ? avait renchérit Bob sans pour autant lâcher l'agrafeuse.

- Je répondrai à vos questions quand vous cesserez de me menacer !

L'agent s'était rendu compte de la situation bien incongrue et avait finalement soufflé alors que son corps se relâchait. L'agrafeuse avait été remise à sa place et Giulia avait pu lui expliquer qu'elle avait plusieurs dossiers en attente qui l'empêchaient de rentrer chez elle ce soir. Bob était finalement resté et l'avait aidé à terminer plus vite. Ils étaient repartis ensemble ce soir-là, et dans l'ascenseur, le jeune homme avait lancé cette idée :

- Si vraiment on a trop de boulot, peut-être faudrait-il penser à arrêter de recruter des acteurs...

- Et signer la fin de mon agence ? Surement pas, l'avait-elle coupé.

- Pour recruter de nouveaux agents, avait-il terminé en soupirant parce qu'elle ne l'écoutait jamais.

- Je n'ai confiance qu'en vous, avait-elle refusé en bloc.

- Oui, parce que c'est vous qui m'avez formé, mon cher employeur. Mais si vous vous engagiez à en former d'autres, vous en auriez une armée des comme moi, vous imaginez ? avait souri Bob alors que des étoiles un peu machiavéliques brillaient dans ses yeux.

Giulia n'avait pas répondu mais l'idée lui avait paru lumineuse si bien qu'elle s'était demandé comment elle avait pu ne pas y penser plus tôt. Le projet durait depuis un an maintenant et, l'italienne devait l'avouer, la dernière année avait été bénéfique dans les statistiques de l'agence, épuisante dans son quotidien.

- C'est un gros travail à fournir maintenant, mais ça paiera sur le long terme, ne cessait de lui répéter Bob.

Elle savait qu'il avait raison mais elle devait avouer qu'elle n'aurait jamais pensé que s'occuper de nouvelles recrues s'apparentait autant à être instit en maternelle. Elle ne pouvait pas s'en plaindre, c'était son choix.

- Je veux des jeunes, des inconnus, avait-elle ordonné lorsque de nombreux CV s'étaient accumulés sur son bureau. Je veux pouvoir en faire ce que je veux.

- Ne dîtes pas ça trop fort, ça pourrait être mal interprété sorti de son contexte, s'était moqué son fidèle agent, se faisant fusiller d'un regard noir.

32° FahrenheitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant