Chapitre 3 : L'horloge affichait 9h30 et dehors, il neigeait.

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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien. On continu doucement mais sûrement l'aventure. Vous l'aurez compris, le rythme est relativement lent, des bases solides ont besoin d'être posées. J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira même s'il est un peu court, j'en suis désolée. Merci à tous pour vos messages adorables et vos encouragements. Je vous souhaite une bonne semaine et vous dis à dimanche prochain ;) 

Tendrement, Lou De Peyrac. 

Elle ne se souvenait pas s'être déjà sentit aussi abîmée. Elle avait l'impression effroyable d'être passée sous un camion. Sans doute une semi-remorque qui l'avait écrasé sous sa honte et son dégoût d'elle-même. Sa tête était bien la plus douloureuse, se disputant la première place avec son estomac. Elle soupçonnait une fanfare au fond de sa boîte crânienne et ne pouvait dire, même approximativement, le nombre de verres qu'elle avait vidé. Elle grogna même avant d'ouvrir les yeux et grimaça en sentant son corps ankylosé. Avec peine, comme si elle escaladait l'Everest, elle se redressa en posant un premier regard sur son environnement alors que son monde devenait peu à peu moins flou.

- Bah Maman, t'as dormi là ?

Elle sursauta en voyant sa fille entrer dans la pièce. Sa fille qui, elle le nota, portait l'un des vieux t-shirts qu'elle avait gardé de ses années de fac. Un souvenir remonta à la surface de sa mémoire polluée d'alcool. C'était lors de son divorce qu'elle avait donné ce t-shirt à Alessandra. Un vêtement absolument effroyable qu'elle gardait seulement en souvenir du bon vieux temps. Jamais elle n'aurait pensé que sa fille l'ait conversé. Ça lui envoya un boum dans le cœur mais elle parvint à ne rien montrer et haussa simplement les épaules. La jeune fille rit légèrement de sa gueule de bois et lui proposa un café qu'elle accepta.

- T'as pas cours aujourd'hui ? demanda-t-elle, heureuse de constater que sa voix ne l'abandonnait pas comme tout le reste.

- C'est les vacances, répondit Alessandra en déposant son café sur l'îlot de la cuisine.

Effectivement, elle n'avait jamais su retenir les dates des vacances scolaires. Émilie se leva avec la sensation d'avoir pris cinquante ans dans les dents et se traîna dans son beau costume froissé jusqu'à se hisser sur l'un des hauts tabourets qui lui fila le vertige. Sa fille la rejoignit, une tasse de chocolat chaud lui chauffant les mains. L'avocate s'offrit une gorgée de liquide amer qui lui réveilla l'œsophage et analysa un peu mieux son entourage. L'horloge affichait 9h30 et dehors, il neigeait.

- Et pourquoi tu te lèves si tôt en vacances ?

- J'ai des projets à bosser avec des potes.

- Depuis quand ma fille est aussi sérieuse ?

- Bah, et toi ? Depuis quand tu te lèves si tard un jour de semaine ?

L'avocate, qui de par son métier avait habituellement une facilité scandaleuse à mentir, se retrouva bien démunie par la question innocente. Fort heureusement, le sort fut de son côté sur ce coup-là.

- Il semblerait que ta mère se soit alignée sur tes vacances, sourit Giulia en arrivant dans la cuisine avant d'embrasser le front de sa fille.

Émilie dû se concentrer pour ne pas lâcher sa tasse de café. Elle avait déjà été témoin de ce phénomène lorsqu'elle vivait avec Giulia mais en avait oublié le potentiel de magie. Hier, la femme d'affaires s'était couchée tard dans la nuit, avait accueilli nombre d'invité, avait même prit un an de plus, mais voilà qu'elle se révélait parfaite en tout point ce matin. Tirée à quatre épingles dans un tailleur noir, subtilement maquillée, pas un cheveu qui dépasse, personne n'aurait pu deviner que Giulia Del Vecchio avait fêté ses 45 ans hier soir.

32° FahrenheitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant