Chapitre 17 : Rentre à la maison.

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Bonne lecture et merci à tous ;)

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Lorsqu'elle rentra chez Stéphane ce soir-là, elle n'eut même pas l'impression d'arriver à destination mais plutôt, comme un marathon, que le voyage serait encore long. Stéphane n'était pas rentré du paradis et y passerait sans doute une bonne partie de sa nuit. La soirée était belle et aucun nuage n'assombrissait le ciel. C'était le genre de soir d'avril qui se déguisait en soirée d'été. Chaleur précoce, moustique clandestin, cigarette près d'une fenêtre ouverte avant de préparer une salade de tomates. C'était aussi le genre de soirée qu'elle aimait partager avec Giulia. Quand la belle italienne rentrait du travail, épuisée par la canicule lyonnaise et qu'elle enfilait un jean et un débardeur avant de décider :

- Allez, viens, on va manger sur la terrasse d'un restaurant ce soir, je n'ai aucune envie de cuisiner.

Alors la sorcière se laissait tenter, s'habillait généralement de quelque chose d'outrageusement court et prenait plaisir à marcher au bras de sa femme. Même après toutes ces années, Giulia ne pouvait s'empêcher de ressentir une fierté un peu malsaine dans ces moments-là. Comme si marcher aux côtés d'une jeune femme aussi belle que Magda était un accomplissement en soi, agissait sur sa personne comme un rang social. Et finalement, c'était à son échelle peut-être le cas, un rêve de gosse qu'elle avait enfin accomplie. Le genre auquel on ne croit pas vraiment avant de tomber dessus. Le fantasme basico-basique de se réveiller chaque matin près de la femme de ses rêves. Sérieusement, Giulia se demandait souvent ce qu'elle avait fait de si altruiste dans une vie antérieure pour mériter d'avoir rencontré Magda Volkov. Et si seulement elle savait à quel point Magda pensait exactement la même chose...

Le téléphone vibrant au creux de sa poche fit légèrement sursauter la sorcière, manquant de peu de lui faire lâcher le verre de rosé qu'elle tenait. Elle avait toujours aimé le rosé quand les beaux jours se montraient, ça s'y prêtait bien et se mariait à merveille avec le soleil. Elle attrapa l'appareil et son cœur rata un battement en voyant le nom de Giulia s'afficher sur l'écran. Elle hésita encore et encore, réfléchi à toutes ses options, et finalement la plus évidente lui sauta au yeux, Giulia lui manquait.

- Allo ? souffla-t-elle en pressant son verre à pied contre sa poitrine.

- Je...je ne pensais pas que tu répondrais, avoua la voix de la femme d'affaire après un court silence.

- Pourquoi tu m'appelles si tu ne t'attends pas à ce que je réponde ? demanda la plus jeune en fronçant les sourcils.

- Tu as raison, c'est stupide, avoua Giulia d'une voix un peu lasse. Je te dérange ?

- Tu ne me dérange jamais, souffla Magda parce que l'entendre avait le don de l'attendrir.

- Où es-tu ?

- Si je te le dis, tu vas venir me chercher.

- Mais non, voyons.

- Tu mens.

- ... Oui, tu as raison, je mens, avoua Giulia après un énième silence.

- Mais je vais bien, tu n'as pas à t'inquiéter, je n'ai pas été acheté par un maison close russe, sourit la rousse parce qu'elle savait que c'était précisément ce que Giulia avait imaginé.

- Tu y aurais fait des merveilles, taquina l'italienne parce qu'elle comprit à son ton de voix joueur qu'elle en avait le droit.

Leur rire dura un instant qui leur fit un bien fou mais le silence revint dès qu'il s'estompa. Magda soupira en s'appuyant contre la fenêtre ouverte alors qu'un air chaud lui caressait le visage.

32° FahrenheitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant