Chapitre 10 : Le sort de la sorcière se serait-il retourné contre elle ?

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Bonjour à tous ! j'espère que vous allez bien. Un chapitre un peu plus long aujourd'hui. Un chapitre que j'aime tant et que je suis très heureuse de partager avec vous. 

En vous remerciant, 

Toute ma tendresse, 

Lou De Peyrac. 

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- Bon alors, la cohabitation avec Madame l'avocate internationale c'est comment ? demanda Bob en retroussant les manches de sa veste de costume parce que ces showrooms étaient toujours beaucoup trop chauffés. Elle sait se faire cuire un œuf, ça y est ? rit-il un peu.

- T'es pas sympa... gronda Magda planquée derrière un rideau de velours.

- Oh ça va ! Si on ne peut même plus plaisanter. Je ne savais pas qu'elle était devenue intouchable, bougonna l'ancien majordome.

- Elle n'est pas intouchable, mais on s'entend bien, c'est tout.

- Je pensais plutôt que ça serait la guerre froide entre vous, déclara Bob en haussant un sourcil au rideau.

- Tu dis ça parce que je suis russe et qu'elle est américaine ? Ce que tu peux être cliché...

- Je dis ça parce qu'elle est l'ex de ta femme, chose que tout le monde semble oublier.

Magda soupira en se regardant dans le miroir de la cabine d'essayage. Si on lui avait dit que cette journée shopping se transformerait en séance de confession, elle ne serait peut-être même pas venue. C'est pourtant elle qui avait eu cette initiative. Parce que parfois elle se devait de s'écouter un peu plus, c'est du moins ce que Giulia la poussait à faire.

- Tu t'occupes toujours de tout le monde, avait remarqué l'italienne, un soir où elle avait trouvé sa belle sorcière un peu plus fatiguée que d'ordinaire. Je veux que tu réserves une journée pour toi une fois par mois.

- Comment ça ? Pourquoi faire ? avait demandé la rousse sans vraiment comprendre le but.

- Ce qui te fait du bien, peu importe. Du shopping, un massage, une manucure, que sais-je ?

- Une fois par mois ? avait bêtement répété Magda.

En réalité, la jeune femme n'était que très peu dépensière, ça, Giulia l'avait compris très vite. Il suffisait de voir avec quelle énergie elle recherchait les offres promotionnelles quand elle faisait les courses. Contre toute attente, après la frénésie des premiers mois, elle n'achetait que très peu de vêtements, ne renouvelait pas sa garde-robe. Et si l'italienne faisait la rétrospective de leur vie, elle se souviendrait que Magda ne dépensait que pour se faire belle dans le seul but de lui plaire. Ainsi, elle ne s'offrait une nouvelle robe que quand elle devait accompagner Giulia à une soirée mondaine. Dans ce cas, tous les moyens étaient bons, et elle s'infligeait une pression monstrueuse toute seule car elle se devait d'être parfaite au bras de la femme d'affaires. Giulia ne cherchait plus à se battre contre cela, c'était un dialogue de sourds. Le reste du temps, la russe ne s'intéressait toujours pas à l'argent et par conséquent, ne dépensait rien. Elle n'allait jamais chez le coiffeur et préférait concocter des soins naturels elle-même. "Des remèdes de sorcières" comme elle les appelait. Elle vernissait ses ongles le dimanche matin quand Alessandra se réveillait doucement sur le canapé. Et, au grand dam de Giulia, s'évertuait à prendre les transports en communs.

L'italienne l'avait observé agir ainsi en silence durant leur première année ensemble. Elle assistait à son quotidien surchargé. Elle la voyait s'occuper d'elle, de sa fille, de son appartement, de ses résidents, de son frère. Et elle ? Toujours cette question. Qui s'occupait d'elle ? Giulia tentait de la ralentir, de freiner son rythme éreintant par des stratagèmes bien trouvés. Il lui arrivait de devoir prendre des jours de congés pour que la belle russe souffle un peu.

32° FahrenheitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant