Chapitre 7 : C'est tellement insignifiant pourtant...

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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien. Un chapitre un peu court aujourd'hui j'en suis désolée, mais un chapitre néanmoins nécessaire que j'affectionne tout particulièrement. En tout cas un chapitre que j'ai beaucoup aimé écrire, essentiel par tout ce qu'il ne dit pas. J'espère donc qu'il vous plaira. Je vous remercie pour tous vos adorables retours. J'espère que vous profitez du soleil autant que moi. 

Je vous embrasse, 

à dimanche prochain, 

Lou De Peyrac. 

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Magda soupira de contentement en enfilant sa paire de talons aiguilles. Elle savait que le déguisement lui allait comme un gant. Déguisement qui n'en était plus vraiment un. Comme un mensonge qu'on se serait répété si longtemps qu'on aurait fini par y croire. Une théorie du complot bien orchestrée, une pièce de théâtre grandeur nature. Elle fourra blouse blanche et baskets dans son casier et s'étira avant de dénouer ses cheveux.

- Je ne comprendrai jamais comment tu fais pour marcher avec ces engins, entendit-elle.

Elle se retourna et sourit en voyant Léa entrer dans les vestiaires. Si elle devait définir sa collègue, elle dirait sans hésitation que la jeune femme était sa bouffée d'air quotidienne. Car malgré la complexité de leur métier, malgré les humeurs des résidents, l'aspect parfois morbide que pouvait avoir une maison de retraite, Léa restait une force tranquille qui renvoyait sur son entourage une douceur sans faille. A vrai dire, les deux jeunes femmes travaillaient souvent en binôme, et là où Magda remplissait l'espace avec un tempérament parfois volcanique, Léa brillait plutôt par son calme olympien. Il était donc évident que le duo faisait des miracles au cœur du petit établissement.

- C'est moi qui ne comprendrai jamais comme tu fais pour marcher avec ça, rit la rousse en posant un regard un peu moqueur sur les ballerines de sa collègue. Tu as fini ? On va boire un café ?

Léa accepta sans même y réfléchir à deux fois. Magda ne savait pas à quel point son arrivée à la maison de retraite lui avait changé la vie. Lorsque sa carrière avait commencé, Léa s'était retrouvée entourée d'une équipe exclusivement composée de cinquantenaire. Non pas qu'elle ait un quelconque problème avec cela, mais elle avait malgré tout ressenti un certain décalage se créer entre ses collègues qui parlaient essentiellement de leurs enfants, et elle, qui racontait plutôt comment elle s'était fait larguer par son dernier mec en date. Et puis Magda Volkov et sa grande gueule était entrée avec force et fracas dans sa vie. Magda Volkov qui, au bout d'une heure à partager un verre en terrasse, lui racontait déjà en riant comment elle avait un jour fini dans un plan à trois sur la banquette arrière d'une voiture. Vraiment, la jeune russe savait épicer son quotidien.

La fin du mois de février offrait quelques belles éclaircis, apportant son lot d'inquiétudes. "On est en hiver, tout de même, ce n'est pas normal. Bientôt, il neigera en Juillet, vous verrez !" C'est ce qu'on entendait dans les conversations de personnes âgées qui faisaient le marché le dimanche matin. Les températures jonglaient entre -2 et 10 degrés Celsius, personne ne savait plus comment s'habiller, le réchauffement climatique faisait un braquage sur le monde, de l'autre côté du globe, la guerre qui opposait l'Ukraine à la Russie fêtait déjà tristement ses deux ans et le débat existentiel qui agitait la France était de savoir si les gosses devaient opter pour l'uniforme à l'école ou pas. Alors comme dernier recours pour se préserver de cette folie, Magda refusait d'y penser et arpentait les rues de Lyon au bras de son amie alors que le soleil lui chauffait le dos. Que pouvait-elle faire d'autre ?

32° FahrenheitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant