Chapitre 14 : Lait d'amande, s'il te plaît.

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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien. Un chapitre que j'aime tellement aujourd'hui et qui va vous faire râler, mais c'est aussi un peu pour ça que vous me lisez. Je suis heureuse de constater dans vos retours que vous commencez à me faire confiance et à vous laisser prendre par l'histoire. Continuez, ne lâchez rien ! 

En espérant que ce chapitre vous plaise. 

Prenez soin de vous, 

A dimanche prochain ! 

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Émilie comprenait qu'il y avait certaines choses qu'il était préférable de passer sous silence. Peut-être même faire le vœu de les oublier, de les nier pour préserver les cœurs qu'elle se refusait d'effleurer même d'un doigt. Durant la semaine qui s'écoula, il y eut donc des choses qu'elle choisit d'ignorer. Comme, par exemple le fait que tous les matins, Magda descendait déjeuner seulement habillée d'un kimono dont la soie était si fine qu'elle semblait couler sur sa peau. Sérieusement, comment Giulia parvenait à rester de marbre face à ça ? Elle n'y parvenait pas, tout simplement. Parce que lorsque Magda levait le bras pour attraper une tasse dans un placard de la cuisine et que le kimono remontait sur ses cuisses, Giulia baissait les yeux en se raclant la gorge. Giulia rougissait même un peu et Émilie aimait plus que tout voir Giulia rougir pour Magda. Mais ça faisait partie de ces choses qu'il était préférable d'ignorer.

Magda aussi apprenait à repérer ces choses. Quand elle remarquait qu'Émilie prenait ses marques dans l'appartement et qu'elle se permettait maintenant de se balader en jogging. Lorsque le costume et le besoin de contrôle qu'il représentait était mis de côté, délaissé au fond de l'armoire. Quand ce même costume était remplacé par un pantalon un peu trop large qui tombait sur ses hanches, laissant entrevoir son sous-vêtement par inadvertance. Quand son beau blazer immaculé, laissait place à un débardeur moulant et que ce débardeur remontait un peu trop. Magda n'aurait jamais pensé que cela puisse être son genre. En fait, non, avant ça, ça ne l'était pas. On était quand même loin de l'élégance de Giulia Del Vecchio. Par Émilie, c'était comme si la sorcière retombait dans ses travers et avait le souffle coupé par tant de négligence raffinée. L'avocate prenait garde à rester à distance, pas par jeu pervers mais seulement pour ne pas la tenter, et c'était bien là le piège inconscient qu'elle refermait sur elle. Magda, les mains liées par toutes les interdictions qui lui pressaient la poitrine, ne faisait que regarder tout ce qui s'offrait à elle et c'était si fort que ça lui foutait le vertige.

Il y avait Giulia, visage de madone, marquise des temps modernes, aristocrate jusqu'au bout des ongles. Tellement belle, de la pointe de ses cheveux jusqu'à celle de ses talons. Tous les matins, elle redécouvrait ses lèvres, croyait mourir à chaque baiser. Il y avait sa taille marquée, la chute de ses reins. Ses fesses. Mon dieu qu'elle aimait ses fesses. Il y avait son sourire un peu mutin, ses pommettes saillantes, son regard charbonneux. Il y avait toute la chaleur dans laquelle elle l'enveloppait quand elle la regardait. Sa bienveillance quand elle s'inquiétait pour elle. Son charme incontestable quand elle humidifiait son doigt avant de tourner une page de son journal. Elle avait beau essayer, elle ne trouvait encore aujourd'hui rien, absolument rien qui puisse un jour faire qu'elle s'habitue à sa beauté. Elle ne pouvait rien y faire, ça la subjuguait toujours autant.

Pourtant, il y avait une nouvelle donnée à l'équation qui n'annulait aucunement les précédentes.

Schneider n'était rien d'autre que tout ce que Giulia n'était pas. Schneider était du genre à confondre un post-it avec un dessous de verre. Plus grande, Magda était forcée de lever la tête pour trouver ses yeux bleus. Une fois le costume effacé, il y avait son corps longiligne, ses bras aux muscles si dessinés qu'on pourrait les croire prêts à craquer. Il y avait son effronterie, ses cheveux un peu désordonnés qu'elle n'arrivait pas vraiment à coiffer. Sa fragilité aussi, marqué par l'os de sa hanche qui ressortait un peu trop, souvent mis à nu par des vêtements qui ne lui allaient pas vraiment. Il y avait cet air de chat errant qu'elle traînait partout où elle allait. Son air un peu fatigué et insolent qui voulait faire croire à qui voulait l'entendre qu'elle savait mordre.

32° FahrenheitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant