Chap 11

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Madame Johnson gare sa Mini Cooper devant chez moi. La tension se fait ressentir. Elle a quand même commencé à me baiser pour me laisser en plan.

Il y a trois problèmes à cela.

Pour commencer, c'est ma professeur et je suis son élève. Il est strictement interdit d'avoir une relation intime avec la personne qui note mes copies. Aller boire un verre dans un bar, c'est déjà considéré comme dépasser les limites.

Ensuite, Agathe risque de m'en vouloir, si elle apprend que le plan de drague entre Miss Johnson et moi va aussi loin. Elle a un petit faible pour elle depuis le premier jour et je n'avais pas à m'y interposer.

Puis, pour finir, c'est carrément Madame Johnson qui a pris le contrôle. Je suis dans le pétrin. Je me soumets à elle en un claquement de doigts, alors que JE suis censée la dominer. Je suis censée l'avoir sous MON emprise.

Il fait bien trop chaud dans sa voiture. Il reste même encore un peu de buée sur les vitres en témoin de nos petites performances. Elle éteint les phares et retire la clé.

- Pourquoi vous coupez le moteur ? m'enquiers-je.

- Figurez-vous que pendant que vous étiez dans votre chambre tout à l'heure, Madame Marinato m'a proposé de rester dormir.

- Vous plaisantez j'espère ? C'est parce qu'elle ne sait pas que vous êtes ma professeur. Vous ne comptez pas sérieusement rester dormir ? demandé-je presqu'en colère.

- Je comprends Kiara, si vous avez besoin de votre intimité je peux rentrer dormir chez moi, dit-elle d'une voix douce et réconfortante.

- Ça va... répliqué-je. Vous pouvez entrer. Après tous les événements de ce soir, on peut bien passer la nuit ensemble en suspendant les hostilités.

Nous sortons de la voiture et entrons chez moi. Le salon est vide. Ma mère est déjà partie se coucher.

Je fais signe à Madame Johnson de monter sans s'arrêter avant la fin de l'escalier. Elle ouvre la porte de ma chambre et prend une grande bouffée d'air.

- Waow ! s'exclame-t-elle, les yeux pétillants.

- Que se passe-t-il ? m'étonné-je.

- Votre chambre sent vraiment... comme vous Kiara.

Étonnant ! Ça veut dire qu'elle a déjà senti mon odeur corporelle. Pas mon parfum, non. Mais carrément ma propre odeur physique. C'est sans doute mon cou qui m'a trahi quand elle me l'a embrassé. J'avoue qu'à l'inverse, je n'ai pas tellement fait attention à l'odeur qu'elle dégageait.

- Oui, par contre comme vous dites, c'est MA chambre. La chambre d'ami est au fond du couloir, enchaîné-je.

Son visage se décompose. Elle pensait dormir avec moi. C'est vrai que quand j'invite une copine à dormir, on dort toutes les deux dans mon queen size. Mais là c'est différent. Je n'ai, et je ne dormirai JAMAIS dans le même lit qu'un enseignant. C'est complètement immoral.

- C'est noté, par contre je n'ai pas apporté de pyjama, se désole-t-elle.

- Vous pouvez prendre ce qui vous plaît dans ma garde-robe, dis-je en désignant la petite pièce au fond de ma chambre.

Madame Johnson fait un signe de tête et s'éloigne. Elle revient quelques instants plus tard avec un vieux teeshirt des Doors.

- Vous êtes fan des Doors ? me demande-t-elle.

- Pas tant que ça, je l'ai surtout acheté pour le design. Mais je suis sûre qu'il vous ira bien.

Elle s'apprête à quitter la pièce, le teeshirt des Doors à la main, lorsque j'ajoute :

- Madame Johnson. Vous pouvez vous doucher si vous voulez. La salle de bain se trouve entre nos chambre.

Elle ferme doucement la porte de ma chambre. Je l'entends entrer dans la salle de bain et faire couler l'eau de la douche.

Une dizaines de minutes passent, pourtant l'eau coule toujours. Elle devrait être en train de se sécher actuellement.

Se sécher ! Mais je suis bête ! Les serviettes propres sont rangées dans ma garde-robe. Elle n'en a pas, à moins qu'elle ne prenne la mienne. Je dois lui en apporter une, au moins par politesse. Mais comment vais-je l'aborder ? Elle sera forcément nue !

Je prends une serviette propre et mon courage à deux mains, puis je me dirige vers la salle de bain. Je donne trois coups secs contre la porte, mais aucune réponse. L'eau continue de couler.

Je tente à nouveau ma chance en chuchotant son nom aussi fort que possible, tout en faisant attention à ne pas réveiller ma mère :

- Madame Johnson ! Je vous apporte une serviette.

Je reste toujours sans nouvelle. Elle m'énerve ! Même si elle n'a pas de quoi se sécher, elle pourrait au moins couper l'eau.

Je décide tout de même d'entre-ouvrir la porte pour lui glisser la serviette. Lorsque je tends le bras, je distingue sa silhouette à travers la paroi de douche. Je ne reste bloquée sur l'image qu'une fraction de seconde, pourtant j'en ai repéré tous les détails.

Elle était légèrement penchée en avant. L'une de ses mains l'aidait à se soutenir au mur carrelé, tandis que l'autre tenait le pommeau en direction de son entre-jambe.

Je ne peux pas y croire ! Elle se fait plaisir en solitaire dans ma salle de bain ! J'ai fermé la porte plus vite que je ne l'avais ouverte, puis j'ai accouru dans ma chambre. J'espère au moins qu'elle comprendra que la serviette est pour elle.

J'ai attendu bien sagement dans ma chambre qu'elle soit sortie de la salle de bain pour pouvoir aller me laver. Je nettoie bien le sol de la douche avant d'y entrer. On ne sait jamais, je ne voudrais pas glisser sur sa cyprine.

Après y avoir passé un bon quart d'heure, je retourne dans ma chambre. Ce que je viens de voir à propos de ma prof d'anglais me fait énormément cogiter. Impossible de fermer l'oeil.

Quand je réfléchis trop, je fais un tour dans mon dressing et j'en ressors toujours avec une idée brillante.

Ce soir, mon inspiration sortira de mon tiroir à cravates. J'en sors une bleue et blanche à rayures. Elle s'accorde parfaitement à ma chemise de nuit.

À présent, je peux aller vérifier si Madame Johnson dort sur ses deux oreilles.

SpritzOù les histoires vivent. Découvrez maintenant