Ce matin, je me réveille la tête toute engourdie. Je n'ai pas bu beaucoup, pourtant les événements d'hier me demandent encore du repos. La première chose à laquelle je pense n'est pas la manière dont j'ai dragué Madame Johnson, mais plutôt la manière dont Agathe s'est enfuie. Il faut absolument que j'aille lui demander pardon.
C'est vrai que ce n'était pas cool de ma part de l'avoir emmenée au bar sans la prévenir de mon plan. Ça a dû la mettre terriblement mal à l'aise. Si elle l'a aussi mal pris, c'est qu'elle doit vraiment tenir à cette Atlanta Johnson.
J'enfile ma paire de baskets et je file chez Agathe en sprintant. Cracher mes poumons pendant vingt-cinq minutes est ma punition pour l'avoir laissée s'enfuir hier.
Je me retrouve devant son portail. C'est plutôt dangereux de courir à jeun. J'ai envie de vomir. Je m'assoie sur le petit muret et j'attends de retrouver un peu la forme avant de sonner.
Soudain, le portail s'ouvre et la Mercedes blanche de la mère d'Agathe s'arrête devant moi.
- Kiara ma puce, tu as encore couru sans avoir petit déjeuner ? me demande la mère d'Agathe.
- Ne vous inquiétez pas Virginie, j'ai l'habitude ! lui réponds-je, bien que ce soit le genre d'habitude à laquelle on ne s'habitue pas justement.
- Mange quand même un morceau trésor, il y a des viennoiseries sur la table de la cuisine, me propose-t-elle. Je vais faire les courses. Réveille Agathe avant qu'elle n'hiberne pour de vrai.
Elle remonte sa vitre, réajuste ses lunettes de soleil sur son nez, puis démarre. La mère d'Agathe est un peu comme ma deuxième maman et me traite littéralement comme son enfant. Quand je viens, je me sens chouchoutée.
Je longe la grande allée jusqu'à la maison, je grimpe les quelques marches, puis j'entre sans frapper comme dans ma propre maison. Je passe par la cuisine pour piquer un croissant avant de rejoindre la chambre d'Agathe.
Je suis devant sa porte. J'hésite un peu dans la manière de toquer : je frappe trois petits coups. Je n'entends aucune réponse. Je décide quand même d'entrer.
J'ouvre la porte en la laissant ouverte afin de faire entrer la lumière. Je marche jusqu'à la fenêtre, je tire les rideaux et ouvre les volets.
- Aller on se réveille ! C'est pas parce que j'ai foutu la merde hier soir que le monde s'est arrêté de tourner, m'exclamé-je.
- Laisse-moi dormir, grogne-t-elle.
- Hors de question ! J'ai pas fait une demi-heure de footing, le DVD de Toys Story à la main, pour rien.
- Toys Story 3 ? s'enquiert-elle avec déjà plus d'enthousiasme.
- Évidemment, réponds-je fière de mon coup.
Elle se redresse dans son lit et me fait une place pour que je puisse m'installer à côté d'elle. Je lance le film sur son ordinateur et au bout d'une dizaine de minutes j'aborde le sujet fâcheux.
- Tu sais Aggi, je respecte totalement tes sentiments envers Madame Johnson. J'ai très mal réagi hier soir, excuse-moi.
- C'est pas grave Kia. Tu as eu raison de me dire ça hier. Je devrais plutôt me concentrer sur les gens de mon âge. Johnson c'était qu'un fantasme.
Oh oui, le plus sexy et mignon des fantasmes qui puisse exister. Je me suis mise dans le pétrin. Je me suis presque tapée notre prof d'anglais dans les toilettes d'une boîte de nuit, alors que j'avais moi-même déconseillé Aggi de l'approcher. Je suis prise au piège, je ne peux pas lui dire que je lui ai mordillé le lobe d'oreille. Je dois faire en sorte que ça ne se reproduise plus.
Le lendemain, j'ai passé la journée à regarder Netflix et cuisiner avec ma mère. Le dimanche, on fait toujours quelque chose de chill ensemble.
Lundi midi, Simon nous a raconté que la fille qu'il aimait bien l'avait ajoutée sur Instagram. Elle s'appelle Astrid. Mais il refuse de nous la présenter tant que ce n'est pas sérieux entre eux. Il doit manger avec elle mercredi.
Mardi le prof de maths nous a rendu nos copies. J'ai eu la moyenne alors que je ne le méritais pas, j'avais à peine rempli la moitié de l'interro. Il a noté comme appréciation : « De bonnes acquisitions ! N'hésite pas à approfondir dans ton raisonnement. Je crois en toi ! »
Monsieur Stevens aime son métier et cela se voit. Il nous pousse vraiment à exploiter notre potentiel sans nous pénaliser. Je suis allée le voir à la fin du cours pour le remercier de ses encouragements, et fayoter... Bien évidemment.
Jeudi, Simon nous a raconté à quel point son date s'était bien passé. Ça commence à être sérieux avec cette fille. Il veut nous la présenter au déjeuner, vendredi, pour savoir s'il a notre feu vert.
Vendredi arrive plus vite que ce que j'avais imaginé. Il va falloir assumer ce que j'ai fait et dit la semaine dernière, je cite : « À vendredi prochain Miss Johnson ! En espérant que votre libido sera revenue à la normale d'ici là. »
La honte en y repensant. J'ai joué la carte de la fille qui a confiance en soi, mais aujourd'hui, je ne m'imagine même pas la regarder dans les yeux.
Je gravis les escaliers, et woaw, je ne suis qu'au premier étage et pourtant j'entends son rire à travers les couloirs. Son rire m'intimide déjà. Je continue, les jambes lourdes, jusqu'au deuxième étage. J'ai beaucoup trop d'appréhension. On dirait que mon coeur loupe des battements pour me faire ressentir cette hâte dans mon ventre.
Ça semble vraiment être des papillons. Je les ressens. Ils battent de leurs ailes et me chatouillent l'estomac. Un jour, j'ai lu que les papillons dans le ventre n'existaient pas réellement. C'est simplement une réduction du flux sanguin vers l'estomac et la libération d'adrénaline dans l'organisme. En conclusion, c'est du stress. Voilà, je suis stressée. Rien à voir avec le fait que j'ai hâte de la voir.
J'avance petit à petit. Je franchis le dernier angle, et quand mon corps est complètement en direction de la salle, je la vois. Elle est là, à la porte pour accueillir chaque élève.
Oh mon dieu.
Nos regards se croisent, mais juste une fraction de seconde car je baisse immédiatement les yeux au sol. L'alchimie qu'il y a entre nous est beaucoup trop intense pour que je parvienne à maintenir le regard. Pourtant, elle, ne cesse de me regarder.Je lève enfin les yeux lorsque je passe devant elle pour y accorder mes paroles :
- Hello, dis-je avec détachement. Je n'ai aucun talent pour cacher ma gêne.
- Hello Miss Marinato, me répond-elle avec charisme.
JE SUIS DÉSOLÉE DE VOUS LAISSER AVEC TANT DE SUSPENSE À CHAQUE FOIS. J'ADORE VOUS FAIRE PATIENTER.
À DEMAIN ;)

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Spritz
RomansKiara, risque de mettre en péril son avenir scolaire si elle continue de se comporter de manière aussi insolente en classe. Elle fait mauvaise impression au près d'Atlanta, sa professeur d'anglais qui n'hésite pas à la remettre à sa place. De cette...