Ce matin, le chant des oiseaux me réveille. Quelques rayons échappent aux rideaux pour atterrir sur mon visage. La chambre est tout juste éclairée pour que je remarque que ce n'est pas la mienne.
Madame Johnson dort encore profondément à côté de moi. Il est dix heures. Ce qui veut dire que je n'ai dormi que cinq heures. Je sens que ma professeur n'est pas prête à sortir du lit. C'est parfait, ça me laisse l'occasion de filer en douce.
Merde ! Je n'ai pas d'habit. Je dois aller chez Agathe et je n'ai pas le temps de repasser chez moi. Soit je pars en pyjama, soit j'enfile mon haut et mon pantalon de la veille, ou bien je lui pique des vêtements dans sa garde-robe.
Ça ne se fait pas d'emprunter sans autorisation, puis le pyjama n'est pas assez habillé. Je pense que je n'ai pas d'autre choix que de porter mes vêtements d'hier soir.
Je quitte la maison le plus discrètement possible, puis je me rends à pieds chez Agathe. Elles habitent vraiment pas loin l'une de l'autre. C'est hallucinant de ne jamais avoir croisé Madame Johnson depuis toutes ces années.
La voiture de Virginie n'est pas là, ni celle de Christophe d'ailleurs. La mère d'Agathe doit être allée faire des courses et son père travaille sûrement.
Je frappe rapidement à la porte pour annoncer ma présence, puis j'entre aussitôt. Agathe est dans la cuisine en train de déjeuner.
- Hello la survivante ! Comment tu vas ? m'exclamé-je.
- Sacré soirée hier soir, hein ? me lance-t-elle.
- Tu nous en as fait voir de toutes les couleurs !
- Comment ça se fait que tu portes les mêmes fringues qu'hier ? T'as couru comme ça ? Bah nan. T'as pas l'air de transpirer. T'es venue en bus ? m'harcèle-t-elle tout en dévorant son croissant.
Est-ce que je lui dis que j'ai passé la nuit chez Madame Johnson ? Elle va bien finir par le découvrir à un moment ou à un autre. Je dois lui dire la vérité. Plus j'attends pire c'est.
- Oui je suis venue en bus, mens-je. Après les événements d'hier soir je n'avais pas la tête à courir. Qu'est-ce qui t'as pris de boire autant ?
Je change de sujet.
- En fait, pendant que t'es allée aux toilettes, Simon m'a raconté que tu lui avais donné ta bénédiction. Et je sais pas, j'ai tellement de mal à l'imaginer avec cette fille que je me suis enfilée tout ce qui me passait sous la main, pour m'enlever cette idée de la tête.
C'est un peu étrange comme réaction. Je sais qu'elle a un mauvais pressentiment à propos d'Astrid, mais au point de se mettre mal à cause d'elle, c'est quand même bizarre.
- C'est vrai qu'aux premiers abords on dirait qu'elle à un fort caractère, mais dans le fond elle est gentille et Simon repère toujours le bon côté des gens, lui dis-je pour la rassurer.
Agathe est tellement chamboulée par sa crise de la veille, qu'elle ne m'a pas trop posée de questions sur comment cela se faisait que ce soit Madame Johnson qui nous ait accompagnés aux urgences, ou encore si ce n'était pas trop gênant lorsqu'elle m'a raccompagnée chez moi.
Nous sommes le vendredi 14 décembre et je n'ai pas croisé Madame Johnson de la semaine. Simon m'a mise en garde au moins trois fois cette semaine à propos de ma relation avec, je cite ma « jolie petite rousse ».
C'est vrai qu'il était là tous les soirs dans le bus à m'écouter me plaindre, pendant près de trois mois. Il n'a pas envie de me ramasser à nouveau à la petite cuillère une fois que tout cela sera terminé.
Je m'approche de la salle de classe, alors que j'entends rire Atlanta avec un autre professeur. Quand elle rit comme cela, je n'ai qu'une envie, c'est de la marier.
Lorsque je franchis la porte, j'ai le droit à son « Hello Miss Marinato ! » habituel, mais aujourd'hui, il est plus chaleureux que les mois précédents.
À la fin du cours, elle nous rend nos contrôles de la semaine dernière. Tout au long du semestre, mes notes allaient de 17 à 19. Même si elle installait un froid entre nous, elle me notait à ma juste valeur.
Elle passe dans les rangs et nous rend nos deux copies à Agathe, puis à moi. Je ne peux pas m'empêcher de les comparer.
- J'en reviens pas ! s'écrie Agathe. C'est la meilleure note que j'ai jamais eu de toute ma vie dans cette matière !
- Comment je peux avoir 20, alors que j'ai mal orthographié trois mots ? constaté-je.
- T'inquiète pas j'ai eu 16 alors que que j'en ai mal orthographié pleins !
- Oui, mais elle t'a enlevé des points pour ça.
Je sais que c'était mon but cette année de la manipuler pour qu'elle soit plus souple avec moi. Mais, cela fait extrêmement bizarre de savoir que la note que j'ai obtenue, je ne la mérite pas vraiment.
Une fois que tout le monde quitte la salle et qu'Agathe remercie Atlanta de l'avoir conduit aux urgences vendredi dernier, je m'entretiens en privé avec elle.
- Je peux savoir pourquoi j'ai obtenu 20 ? lui demandé-je.
- Parce que vous êtes une élève brillante, répond-elle simplement.
Je souffle.
- D'accord, mais vous ne m'avez pas pénalisé pour les fautes d'orthographe, alors qu'Agathe si.
- Je ne vous ai pas enlevé de point car vos erreurs n'altèrent pas le sens de votre phrase. Agathe, elle, a fait des erreurs plus importantes qui nuisent à la compréhension de ses idées.
- Pfff ! Mais bien sûr ! dis-je en roulant des yeux.
- Après, si vous y tenez, je peux toujours vous enlever des points pour ne pas éveiller les soupçons, me propose-t-elle en m'arrachant la feuille des mains.
Je la vois gribouiller sur ma feuille. Je sais qu'elle barre ma note, puis qu'elle la remplace. Elle me tend la feuille en m'adressant un faux sourire.
- Voilà ! Je vous ai retiré deux points pour chaque faute. Ce qui vous fait 14. Ça reste une note correct.
Elle range ses cours dans son sac, puis s'en va en me laissant bouche bée.
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Spritz
RomanceKiara, risque de mettre en péril son avenir scolaire si elle continue de se comporter de manière aussi insolente en classe. Elle fait mauvaise impression au près d'Atlanta, sa professeur d'anglais qui n'hésite pas à la remettre à sa place. De cette...