Délaria

🫀Chapitre 7 : Délire de punition🫀

Le chaos et l'odeur du sang m'assaillent. Plus personne n'est présent à part les mafieux que je connais bien et ces corps qui me sont familiers.

— Regarde ce que tu m'as obligé à faire, affirme Darell d'un ton trop calme pour que ce soit normal.
   
Il approche et mon réflexe est de reculer. Néanmoins, il attrape mes épaules pour y planter ses ongles.

— Tu es si indigne, Daïara Lairis. Tellement que ça me brise le cœur. Le mariage aurait pu être ta liberté, au lieu de quoi, tu as tué ces gens.

Je n'ose pas l'interrompre, car il a raison. Si les Joon sont décédés ce soir, c'est de ma faute.

— Ce lieu appartient à un ami et je ne voudrais pas qu'il ait des ennuis. Comme il me l'a cédé pour quelques jours, il ne tient qu'à toi de nettoyer et faire disparaître toute trace de leurs corps sans oublier de retirer les organes encore frais, déclare-t-il en désignant les Joon comme s'ils n'étaient rien.
— Seule ? déglutis-je.

Il semble réfléchir à la question et durant ce laps de temps, j'ai l'impression de mourir sur place. Son index tapote son menton, rendant le moment bien plus stressant. L'atmosphère est horrible et je ne peux même pas chercher du renfort auprès des garçons qui ont tous la tête baissée.

— Oui.
   
Mon monde s'écroule à l'entente de ces trois lettres. Je supporte son regard de démon quand il retire son masque et qu'il remet quelques mèches de mes cheveux derrière mon oreille en ricanant :
   
— À moins que tu ne veuilles rejoindre ta mère.

☠︎❦☠︎

Sois une reine, pas une princesse. Les princesses attendent leur prince charmant, les reines se battent seules.

En boucle, je me répète ces paroles, telle une mauvaise chanson pour ne pas faiblir face à ces hommes.

La nuit est extrêmement longue. Je ne suis pas certaine qu'elle me permette de réfléchir, puisque mes pensées partent dans tous les sens depuis que mes genoux trempent dans cette couleur vermeille.
   
Ma haine n'a jamais eu un goût aussi âpre qu'en cet instant. Bistouri à la main, mes larmes coulent silencieusement alors qu'un sourire rempli de rancœur cueille mon visage.
   
Un numéro, me rappelé-je.
Et mon âme à la mort... C'est ma dernière solution.

Dans mon malheur, Darell a au moins mis à ma disposition les instruments nécessaires. Je ne pensais pas que mon petit coup de tête irait si loin, je ne peux que m'en mordre les doigts. Cependant, je ne réussis pas à admettre que j'ai échoué, que Darell gagnera toujours. La preuve, c'est moi qui suis en train de retirer le rein encore fonctionnel de Ciaray Joon pendant que lui festoie dans une pièce avec Maze et Gépé. Les garçons ont eu l'ordre de rester ici pour me surveiller et leurs regards sur ma nuque m'accablent. Je maîtrise mes tremblements et mes sanglots qui menacent d'éclater bruyamment.

Certaine qu'aucun des gars dans cette pièce n'en saura jamais rien, puisque je leur tourne le dos. J'essuie les gouttes aux coins de mes yeux. L'envie de vomir de rage me prend aux tripes, toutefois, je contiens tout et me berce de comptines pour enfants que ma mère chantait souvent pour m'endormir. Mon âme s'absente et mon corps effectue les tâches les unes après les autres sur ces cadavres.
   
C'est de ma faute.
Ma faute.
MA FOUTUE FAUTE !!
   
Je m'en veux de ne pas avoir été assez intelligente pour éviter que ceci se produise.
   
De l'air se fait sentir à mes côtés et j'aperçois que les trois garçons se sont agenouillés.
   
— Ça vous amuse ? demandé-je en retenant mes pleurs.
— Honnêtement, oui, pouffe Mao.
   
Il se prend un coup de coude de Dash et de Caïo, ce qui le fait taire.
   
— Darell m'a envoyé un message. Va te coucher, Lairis, m'intime Caï.
   
Mes sourcils se froncent, je ne comprends pas pourquoi mon parrain changerait d'avis quant à ma punition. Persuadée qu'ils me tendent un piège, je poursuis en plaçant soigneusement l'organe dans la glacière à ma gauche. Une main se pose sur mon poignet quand mon bistouri est prêt à plonger dans un autre de ces cadavres. Je ne sais même plus où j'en suis dans les prélèvements. Je ne sais plus où j'en suis, tout court.