🪢Chapitre 45 : Délire de fin🪢

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Le retour à l'hôpital se fait dans un silence plus pesant pour moi que pour Matheus. Seyni aura toujours un coup d'avance, il faut que je me fasse à l'idée qu'il sera à jamais mon ombre, mon démon gardien...

Son but est de m'engager assez pour que je retombe dans ses filets. Néanmoins, si je veux repartir sur de bonnes bases, courir dans ses bras ne m'aidera pas.

Au contraire.

Et j'en suis consciente... mais mon cœur ne cesse de battre plus vite en repensant aux derniers mots de son écrit qui a fini en lambeaux. J'ai déchargé ma haine sur ce morceau de papier en imaginant lui faire subir le pire des supplices pour me tourmenter ainsi. Il m'empêche d'avancer, d'être libre et de voler de mes propres ailes. Même en sortant de la voiture de l'agent et en lui souhaitant une bonne journée, j'ai la sensation d'être observée par l'ardeur de ses pupilles. Haller ne me raccompagne pas, car il a une urgence. De toute façon, il ne me reste plus qu'à boucler ma valise, faire un dernier point avec la psychiatre et voler de mes propres ailes, toujours guidée par ces personnes.

Persuadée qu'il est présent, je fixe chaque recoin avec minutie. Je le sens si fort que ça me paralyse devant l'établissement public.

Un frôlement, un coup de vent, des frissons courent sur ma peau.

— Tu me cherches, delinquente ?

Mes pulsations s'arrachent dans ma poitrine en croisant son regard ambré derrière moi. Ma respiration devient erratique, mélange de colère, de passion et de tout ce qu'un cœur meurtri peut ressentir face à celui qui a le pouvoir de le réparer autant que de l'écraser.

— Oh oui, Seyni. Je te cherche et continuerai à le faire tant que ce qui te permet d'exister ne sera pas réduit en poussière par mes soins.

Je me retourne pour lui faire face afin de ne plus sentir son souffle dans mon cou.

— Tu es rancunière.

Mon mauvais coup d'œil étire ses lèvres rosées.

— Tu penses que je ris ?! Sache que tu as réussi avec brio : te odeio !
Je te déteste.

Il s'esclaffe et je croise mes bras sur ma poitrine pour le dévisager. 

— Je ne te crois pas. Et tu sais pourquoi ?

Je ne réponds pas, trouvant la force de regarder autre part que son visage angélique. Il n'est pas du même avis et m'oblige à trouver refuge dans ses prunelles en prenant mon menton en coupe.

— Parce que tu es encore là, près de moi. Que même si tu m'en veux, la personne que tu hais le plus à cet instant, c'est toi de ne pas réussir à me sortir de ta tête.

Ma gorge me pique et je tente de le repousser, mais il me ramène contre lui. Les réactions de mon propre corps me trahissent et ma raison se bat avec mes sentiments.

— Tu as tort sur une chose, rectifié-je. Je te déteste autant que moi. De ne pas me laisser, de m'observer en longueur de temps, de m'avoir menti sur toute ma foutue vie et de continuer d'être si arrogant en te manifestant ici, Seyni !

De ses doigts, il creuse mes joues en grognant :

— Sache que toutes les putains de décisions que j'ai prises jusqu'ici étaient pour tes beaux yeux. Parfois, l'ignorance est plus saine que toutes les vérités de ce monde. Je n'ai souhaité que te préserver, Daïara.

C'est fou à quel point chaque fois qu'il ouvre la bouche, mon cerveau tourne ses phrases dans tous les sens possibles pour en déceler les nuances. Celles qui sont belles à l'écoute et celles qui le sont moins une fois qu'on les répète dans notre tête.

DélariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant