👠Chapitre 41 : Délire de fuite👠

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Quand je pousse la porte, pendant un instant, j'ai peur d'avoir été mise à l'épreuve ou trahie. La lumière me fait plisser les yeux et je soupire d'aise quand je me rends compte que la voie est libre. Je scrute le lieu, cherchant le piège.

Les caméras.

Sur la pointe des pieds, je m'empresse de prendre la direction du couloir, tout en tentant d'éviter les angles des appareils. Avant de le gagner, je me stoppe contre le mur et repère les deux hommes dont m'a parlé Seyni.

Maintenant, il faut que je trouve comment traverser sans me faire remarquer. D'un sourire, je fixe mes chaussures. Le plan se met en marche dans mon esprit et je jette l'un de mes talons au sol. D'office, ils dardent une œillade vers la provenance du son et l'un d'eux se rapproche. Je cours me camoufler derrière un meuble, croise les doigts pour qu'il agisse comme je l'ai prévu. C'est-à-dire qu'il se baisse pour ramasser l'escarpin afin que, de mon côté, je puisse l'assommer à temps. Je sais qu'il faut que je frappe assez fort, pour le rendre inconscient. Toutefois, s'il agit différemment de ce que j'ai planifié et prévient les autres, je suis foutue.

Non... Ça n'arrivera pas.

À la vue de ses pieds, je me prépare à me précipiter vers lui. Il regarde un peu partout avant de buter contre mon appât. Il fronce les sourcils et s'agenouille. Je m'élance et frappe violemment derrière sa nuque dans un bruit sourd. Mon cœur n'a jamais battu si vite. Surtout quand les pas du second sbire se font entendre.

Quand il apparaît, son pistolet est dégainé et il ne mord pas à l'hameçon. Ses yeux se portent automatiquement sur moi et je jurerai discerner un sourire sous son masque.

— Bah alors, la petite souris tente de s'échapper ?
— Non, soufflé-je en approchant de lui et en levant les deux mains.

L'une contient l'objet de mon crime sur lequel il se concentre un instant. Ce qu'il ne sait pas, c'est que je ne « tente » pas, je vais m'échapper.

— C'est avec ça que tu l'as frappé ?
— Tu crois que j'abîmerais mes jolies chaussures ? Mon poing a été suffisant.

Il n'a pas l'air de croire à mon mensonge et grogne :

— Laisse ce talon ici et retourne dans ta cellule.
— Tu n'as qu'à m'y traîner, mon beau.

Je papillonne des cils et il secoue la tête en empoignant ma tignasse. Son arme se braque sur ma tempe.

— Lâche ton talon.

Je m'exécute et récupère aussitôt ma dague pour planter sa cuisse. Je me baisse avant que la balle qu'il tire ne se loge dans ma cervelle. Il couine au moment où il reçoit mon genou entre ses jambes et laisse échapper son arme en perdant l'équilibre. J'envoie un coup contre sa tempe et grogne :

— La petite souris t'emmerde.

Triomphante de l'acte accompli, je suis sur le point de voler leur tenue lorsque des sons me parviennent. Mon cœur cesse de battre en comprenant que je n'ai plus une seconde à perdre. Je récupère mon arme, le pistolet et mes chaussures, avant de courir dans ce vaste manoir. Je me rappelle les indications de Seyni et me rends rapidement dans la cuisine. La porte extérieure est face à moi, je la pousse sans même m'assurer que la salle soit vide.
Le bois craque. Je croise le regard d'un homme dans le reflet de la fenêtre lorsqu'il passe devant la pièce où je me trouve. J'attends quelques secondes, puis me précipite dehors.

Je ne sais pas par où je dois me rendre, néanmoins, ça m'est égal. Je perçois la forêt et malgré tous mes mauvais souvenirs, je pressens que c'est par là qu'il faut que j'aille. J'aurais une chance de m'en sortir, le milieu sylvestre ne risque pas d'être plus dangereux que ce que j'ai déjà connu.

DélariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant