Délaria

🌑Chapitre 39 : Délire démasqué🌑

J'ai des difficultés à calmer ma respiration quand Alexandra acquiesce en riant. La situation l'amuse, me voir atterrée nourrit les parties d'elles qui souhaitent que je souffre.

— Pourquoi vous faites ça ? l'interrogé-je au bord des larmes.
— Tu es sa fille.
— Justement, je ne suis pas lui.
— Peut-être. Mais l'avoir buté n'a pas remboursé sa dette envers moi. Il a tué mon mari, mon père, mon frère, mes petits neveux. Six vies, Petry. Six deuils, dont celui de mon magnifique visage ! Le temps n'a rien réparé, au contraire...

Son corps tremble de haine et elle me regarde droit dans les yeux.

— Les enfants sont toujours le reflet de leurs parents. Ce n'est pas parce que j'ai promis de t'épargner que je vais te ménager. Tant que je le jugerai nécessaire, tu resteras enfermée ici.
— N...
— Laisse-moi finir ! me coupe-t-elle dans un cri. Avant de croupir ici, j'ai prévu quelques petits trucs.

Elle claque des doigts et un corps dévale les escaliers. Je me plaque contre le mur en remarquant la carrure de Dash. Alexandra se redresse et demande à deux de ses hommes de le traîner jusqu'à moi. Quand son portable sonne, elle répond avec un grand rictus. En raccrochant, elle s'appuie contre le béton et affirme :

— Maze a été attrapé par mes hommes.

On jette Dash sur mes jambes au même moment où elle me partage cette information. Il est rempli de sang et ses jambes ainsi que ses bras sont attachés. Je ne bouge pas, le cœur battant à mille à l'heure. La jeune femme sort une cigarette pour la mettre entre ses lèvres.

— J'ai un truc à te proposer Petry.

Je serre les mâchoires et ne réponds toujours pas.

— Leurs vies contre la tienne. Tu n'as qu'un mot à dire.

Mordant mes lèvres jusqu'au sang, je reste silencieuse et elle jette ma dague au sol à quelques mètres de nous.

— Et si tu tues l'assassin de Géperson, je te libérerai. Peut-être.

À cet instant, je me demande où est Seyni, pourquoi il n'est pas déjà en train de m'aider à m'extirper des griffes de sa mère, puis les voix reviennent et elles me soufflent que ce n'est pas à lui de me sauver, mais à moi.

Face à mon expression dépitée, elle rit, monte les escaliers avec ses sbires et disparaît en déclarant :

— Si tu ne l'as pas exécuté avant que je sois revenue, vous périrez tous les deux.

La bile me monte et j'attends qu'elle ferme la porte pour voir si Dash est conscient. Je pose à peine un doigt sur sa peau qu'il se redresse dans un geignement. Ses iris croisent les miens et j'ai un mouvement de recul face à la haine qu'il m'envoie.

— T'es une traîtresse, Délaria.
— Tout autant que toi.

Il comprend que je suis au courant et avance le buste vers moi pour souffler :

— Grâce à moi, t'as pu avoir ce que tu désirais : la tranquillité.
— Explique-moi. Explique-moi pourquoi t'as tué ton père ?!
— Maze savait que j'en pouvais plus de ma putain d'existence. Et quand je lui ai dit que j'aurais préféré que mon père soit mort, tout s'est enchaîné trop vite. Je le détestais. Je le déteste encore, D. Il m'empêchait de t'approcher alors que tu me plais. Je voulais nous protéger, t'avoir pour moi. Que tout soit un renouveau et qu'on puisse enfin vivre. Mais surtout, je voulais reprendre le flambeau et un jour diriger Inferno. Je ne me suis jamais autant senti libre que quand il est mort.

Ses mots sont plus violents que des lames aiguisées quand toutes les réponses sont enfin là.

— T'as empoisonné Darell ?