Je recule d'un pas avant de percuter un buste. Il a la bonne conscience de ne pas me toucher, car je suis sur le point de vriller. Affolée, je recule de plusieurs pas, prête à m'enfuir à l'étage et ne plus jamais revenir ici.
— Lairis...
— Non, Caïo ! m'exclamé-je.
Mon coude est prêt à s'abattre dans sa côte, mais il le réceptionne avant que je ne l'atteigne.— Je n'ai rien à voir avec ça, m'apprend-il.
— Qu'est-ce que ça change ?! Il y a un mort dans cette foutue pièce !D'un soupir contrit, il me relâche et s'abaisse devant le cadavre pour prendre le pouls. Encore et encore, mes jambes se dirigent petit à petit vers la porte, tout en restant dos à la sortie, mes poumons se rétrécissant au fil des secondes.
— Son cœur bat encore.
Je reprends mon souffle avec cette simple information.
Tout va bien.
Elle a une chance de s'en sortir. J'inspire un grand coup et rassurée, je rebrousse chemin jusqu'à la victime. À l'aide de la lumière de mon portable, j'analyse cette femme inconsciente, entre la vie et la mort. Brune à la peau pâle, elle arbore des traits fins qui ne méritent pas d'être enfouis dans un cercueil. Tremblante, je m'agenouille à ses côtés sans oser ne serait-ce que l'effleurer.
— Si c'est trop pour toi, retourne te coucher.
Mes yeux lui lancent des éclairs et je marmonne :
— Inutile si je ne dors pas.
Prenant mon courage à deux mains, mon épaule bouscule celle de Caïo pour lui signifier de se pousser tandis que j'ouvre les paupières de la demoiselle et inspecte ses globes oculaires.
— Pupilles dilatées, sclères rouges, lèvres qui commencent à devenir violettes, diagnostiqué-je.
Caïo fixe le poignet de la jeune femme avant de prononcer :
— Gépé a dû la droguer.
— Plutôt surdosé, le reprends-je tandis qu'il acquiesce.Pas besoin d'en dire plus, Géperson l'a mise dans cet état de coma afin de réaliser ce qu'il voulait sur elle. L'information est rebutante et accentue la nausée qui n'a cessé de s'accroître ces dernières heures. Sans même réfléchir, Caïo enfonce ses doigts dans la bouche de la comateuse dans le but qu'elle rejette les substances avalées
— Je ne suis pas sûre que...
Avant que je ne puisse terminer ma phrase, sans même ouvrir les yeux, la victime dégobille. Je m'éloigne de justesse.
Caïo quitte la pièce pour aller se laver les mains, je reste là interdite à fixer les joues creuses et le visage cerné de cette femme, enfermée dans cette pièce sûrement depuis des semaines. Ses ongles accrochent le sol, elle tousse et j'ai l'impression d'agoniser avec elle. L'odeur immonde est sur le point de m'accabler, mais avant que je ne me redresse, mes pupilles s'arrêtent sur un bracelet blanc qui attire mon attention. La calligraphie est assez grosse, ce qui me permet d'y lire les informations écrites.— 23 ans, groupe sanguin O+, test n°110.
Test n°110 ?Je crois que c'est moi qui vais vomir tout à coup.
Combien de personnes Gépé a-t-il tuées de cette façon ?Qu'est-ce qu'il cherchait vraiment ?
Impuissante, je louche sur son corps frêle au moment où Caïo revient. Il nettoie chaque parcelle de l'endroit, faisant attention à la demoiselle comme si elle était précieuse. Mon organe vital se compresse, je n'arrive pas à bouger, prise de panique. L'homme à mes côtés cale la tête de la femme sur un coussin après être retourné une fois de plus dans le bureau adjacent. Ma respiration s'accélère de plus en plus, je ne sais pas comment gérer la crise qui survient alors je tente de me raccrocher à des éléments qui ne me font pas repenser au décès de ma mère. Pourtant, c'est peine perdue quand Caïo me lance un regard peiné, deux doigts au-dessus de sa jugulaire en soufflant :
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Délaria
Roman d'amourDélaria, un surnom qu'ils lui ont donné, un écho à ses délires. Élevée dans un monde empreint de terreur et de sang par les mafieux qui l'ont enlevée, Daïara Lairis n'a d'autre choix que de supporter sa vie. Mais elle sait que son moment viendra, c...