💉Chapitre 14 : Délire d'atelier💉

2.6K 87 4
                                    



En comprenant qu'il y a une issue dont je n'avais même pas connaissance, mes yeux s'écarquillent et mes paumes deviennent moites. Les cheveux noirs de Caïo barrent son visage quand il se baisse et tape un code sur la trappe.

— T'es déjà venu ici, affirmé-je face à l'aisance avec laquelle il agit.
— Gamin.

Une réponse brève, comme lorsqu'il est importuné.

Son regard devient aussi sombre que l'endroit et il m'invite à passer devant lui. Je refuse, car je n'ai pas envie qu'il m'enferme à l'intérieur. En grognant, il s'y rend en premier et m'encourage à le rejoindre. J'essaie de repérer le serpent afin de me donner un peu de courage. Cachée dans l'allée, elle frétille de la queue, semblant me retenir silencieusement à la surface. Pourtant, d'une inspiration, je descends avec Caï.

C'est lui qui s'occupe de fermer derrière moi et d'allumer les lumières. Ma gorge s'obstrue devant l'étendue de ce long couloir en béton. Un mal de crâne phénoménal m'envahit et je pose mes paumes sur le mur gris en gémissant.

— Douleur.
— Fantôme.
— Cet endroit est habité.

Comme je ne bouge pas, Caïo relève mon menton d'un index.

— N'aie crainte, delinquente.

Je me redresse, écartant ce qui se passe dans mon crâne pour le questionner.

— Pourquoi Géperson t'a permis de...
— Jeune, j'étais curieux, mais pas malin. Gépé et Rell m'ont attrapé alors que je les suivais et m'ont obligé à...

Son silence m'achève, car je sais de quoi ils sont capables et je ne souhaite ça à personne.

— À quoi, Caï ?

Il relève le regard vers moi, ce que j'y perçois me détruit intérieurement. Je n'ai pas envie de l'entendre, mais il le faut. Afin d'être sûre que nous avons tous vécu le même enfer aux côtés des mafieux, même si chacun de nous avait un traitement différent.

— À réaliser des horreurs même pas prononçables...

Son chuchotis me fait l'effet d'un coup de massue sur le crâne. Face à ma mine atterrée, il ajoute :

— C'est rien, Lairis. J'ai été habitué aux pires cauchemars.
— Ce n'est pas rien, argué-je en affrontant ses ambres. Ces cauchemars te hantent toi maintenant, alors que lui...
— Ils n'existent pas, me coupe-t-il en laissant tomber sa paume. Je suis mon propre tourment.

Je frémis de sa voix qui se brise, complètement enfermé dans une vie qu'aucun de nous n'a choisie, mais qu'aucun de nous n'est prêt à quitter non plus. Des épines dans la gorge, je me précipite dans ce couloir afin de pouvoir me faufiler dans une pièce, si j'en trouve une. J'aimerais déloger ce sentiment de faiblesse de ma poitrine, cette impossibilité à tout laisser tomber. Ma précipitation emmêle mes jambes et je manque de m'écraser au sol. Caï attrape mon poignet avant le choc et je clos les paupières avec force. Quand je me stabilise, il m'analyse comme une chose cassée sans pour autant me lâcher.

— Pourquoi tu m'approches autant ces derniers temps ? m'enquiers-je alors que toutes ces années, nous nous toisions en silence, dormions ensemble lors des nuits d'orage sans vraiment parler non plus.

Les seules discussions que nous avions étaient des disputes ou ses rétablissements de vérité.

— Ce sont les ordres.

J'affronte son regard en affirmant :

— Pas seulement pour ça.

Il scrute chacun de mes traits et déclare :

DélariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant