L'extérieur est glacial et la nuit n'est pas un moment propice à rester ici, surtout blessée. Couchée dans l'herbe devant ma serre, je n'ai aucune envie de me soigner, de rentrer et de les voir. Je sais que Darell ne va pas tarder et rien que d'y penser, j'en ai la nausée. Ou c'est peut-être la douleur qui me rend vaseuse.J'ai à peine réussi à bouger ma jambe. Je connais les gestes à adopter, toutefois, je n'agis pas, comme si repousser mon entrevue avec Darell allait changer quelque chose au sinistre destin qu'il m'a réservé. En réalité, je préfère souffrir, ne plus avoir de cuisse, mourir que de devoir l'affronter après ce qu'il m'a obligée à réaliser dans le château. Après ce qu'il a fait... Tuer les Joon à cause de mon petit affront... Et je suis certaine que c'est pour que ma folie n'arrive pas aux oreilles des autres prétendants qu'il m'a choisie.
Nyx siffle entre mes doigts et son regard pénétrant atterrit sur mon visage.
— Je sais que tu peux me comprendre, soufflé-je en la laissant se déplacer vers mon poignet.
Elle chante encore avant de rejoindre le sol et de ramper en direction de sa maison, me laissant seule. Je ne la retiens pas, car si elle s'en va, c'est qu'elle a entendu du bruit.
Quelques secondes plus tard, une tête apparaît au-dessus de mon corps. Tous mes membres se tendent à la vue de ces cheveux noirs.
— Debout, Lairis, soupire Caïo en me tendant une main.
Je clos mes paupières et l'ignore.
— Daïara Lairis Petry, insiste-t-il. Rell et Maze ne sont pas loin. Darell ne supportera aucun débordement.
Je redresse aussitôt le buste pour le dévisager.
— Parce que c'est moi qui déborde ?!
Il s'agenouille afin d'être à ma hauteur et ancrer des billes glaciales aux miennes, ce qui me calme autant que ça me déchaîne.
— Non et nous le savons tous les deux. Mais on sait aussi que tu seras toujours celle qui subira. Surtout avec les derniers événements. Alors, fais en sorte que cette soirée se déroule sans encombre.
Il a raison. J'en suis consciente. Si je n'en fais qu'à ma tête comme pour mon anniversaire, les conséquences risquent d'être désastreuses.
J'attrape ses doigts et, d'un sourire, il m'aide à me relever. Le pincement que je ressens au niveau de ma cuisse me paralyse et ses yeux tombent sur le désastre. Sa mâchoire grince, il mord la lèvre avant de jurer.
— Putain de Mao... laisse-t-il échapper.
— Je l'ai cherchée.Son sourcil se hausse, me demandant silencieusement si j'ai réfléchi avant de parler.
— Et j'arrive à marcher, me rassuré-je, car la vérité, c'est que je n'en ai aucune idée.
Mon souffle se coupe quand je réalise un pas et l'homme de main de mon parrain m'arrête aussitôt. La douleur est trop intense, j'ai plus de difficultés que je ne le pensais pour avancer. D'un soupir, Caïo me force à me laisser porter. L'un de ses bras sous mes genoux et l'autre autour de mon dos, il parcourt le jardin pour retourner à l'intérieur du manoir.
— Je vais finir par croire que t'aimes bien que je te vienne en aide, grogne-t-il quand j'accroche son cou pour me maintenir.
— Ce n'est qu'un concours de circonstances.Je me doute que Dash n'est pas en état de venir m'aider, Caïo est donc le seul qui peut veiller à ce que je ne commette rien qui me dépasse.
— Nous avons reçu de nouveaux ordres.
Ma poitrine se contracte, car je redoute le pire face aux traits tirés qu'il arbore. J'attends qu'il m'en apprenne plus, déjà affolée.
— Promets-moi de rester calme, ajoute-t-il en longeant l'allée.
— Je suis calme.
— Lairis.
— OK, je te le promets, déclaré-je sous ses yeux suspicieux.
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Délaria
RomanceDélaria, un surnom qu'ils lui ont donné, un écho à ses délires. Élevée dans un monde empreint de terreur et de sang par les mafieux qui l'ont enlevée, Daïara Lairis n'a d'autre choix que de supporter sa vie. Mais elle sait que son moment viendra, c...