☠️Chapitre 3 : Délire de piège☠️

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Reprenant mon souffle, je suis prête à fermer le rideau, mais Darell me prend de court.

— Approche que je te vois mieux.
   
Je me crispe, mes yeux voyageant entre lui, Marzeau et Caïo... Rell arbore une coupe de cheveux similaire à celle de Gépé, un énorme narcisse est inscrit sur le haut de sa tête et les feuilles descendent jusque dans son cou. Des iris gris m'examinent et je déglutis.

Ça me fait mal de les apprécier tout en les détestant. Parfois, je les hais tellement que ça me ronge de l'intérieur. Marzeau, que l'on surnomme Maze, est son second, celui qui héritera de toutes les affaires lorsque mon parrain mourra. Son crâne est rasé au complet pour que la fleur de taille moyenne soit bien visible. Il n'y a qu'eux, avec Gépé, qui possèdent ce tatouage à cet endroit pour marquer leur supériorité vis-à-vis des autres membres et, surtout, pour qu'on sache à qui l'on a à faire quand ils portent leurs masques.

Timidement, j'amorce quelques pas, tout en sentant son regard à lui, celui que j'évite comme la peste. Caïo... Ses cheveux sont aussi sombres que l'onyx et ses traits d'un blanc immaculé semblent marqués dans le marbre, accentuant son côté froid. Seules ses prunelles, reflets du soleil, d'un ambre clair et limpide, rendent le personnage plus chaleureux.

— Tu n'embrasses pas ton parrain ? s'enquiert Rell face à mon absence de réaction.

J'avance, clos mes paupières, avant de me mettre sur la pointe des pieds pour claquer une bise sur sa joue rugueuse. Il me plaque contre lui et me souhaite un joyeux anniversaire avec un engouement qui me détruit intérieurement. Marzeau tapote mon épaule et Caïo marmonne la même chose, comme on annoncerait le décès de quelqu'un.

— Ça me fait plaisir de te voir si... juste de te voir, lance mon parrain.
— Moi aussi, mens-je.

Il acquiesce et les six hommes devant moi auscultent mon habit. Darell est celui qui secoue la tête.

— Je pense que la pourpre accrochée sur le cintre du centre t'ira mieux. Tu seras la seule de cette couleur pour qu'on reconnaisse la princesse de la soirée.

Princesse... Jamais ma mère ne se serait laissée nommer ainsi.

— Tu n'es pas elle.
— Tu es devenue comme eux.

Un sourire crispé sur les lèvres, j'entre dans la cabine pour enlever celle que j'avais et essayer l'autre, mettant de côté mes introspections. Identique à un corset, des lacets doivent être noués dans mon dos et n'ayant pas la foi d'appeler l'un d'eux, je sors en tenant le vêtement sur ma poitrine.

— Celle-ci est parfaite ! s'exclame mon parrain. Ce serait mieux de voir le résultat final, mais il n'y a pas plus classe que cette couleur pour ma filleule chérie. Après tout, nombre de dictons disent que le rouge est séduisant.

Mes sourcils se froncent et je cherche une explication sur les expressions des autres, sauf qu'elle ne vient pas.

— Vous en pensez quoi ? poursuit-il.

Salomao me scrute de la tête aux pieds et n'ose pas détromper son patron. Dash ne s'attarde pas longtemps sur ma silhouette, il hoche la tête.

— Magnifique, affirme Marzeau.
— Merveilleuse, complète Gépé.
   
Caïo ne pose pas les yeux sur moi et je pense même qu'il ne déclarera rien, toutefois, c'est mal le connaître.
   
— Pas moche.

Mon corps se crispe face à son ton indifférent. Il est toujours indifférent. Je le rends indifférent.
   
Darell ricane de l'amabilité sans faille de Caïo avant de claquer des doigts la vendeuse. Je retourne dans mon espace privé, écoutant leur discussion.
   
— Avez-vous le smoking que je vous ai commandé, ainsi que les masques ?
— Oui, monsieur Petry. Il faut que vos... amis et vous me suiviez au troisième pour les essayer.
— Bien.
   
Un instant, je suis surprise qu'il acquiesce sans demander à personne de me surveiller. Un sourire cueille mes lèvres et je vais pour retirer la robe quand j'entends que l'on toque contre le mur de ma cabine. Je passe ma tête à travers le rideau et celui que je vois brise mes espoirs d'être enfin seule.
   
— Quoi ?!   
— La maquilleuse et la coiffeuse préfèrent que tu gardes la robe.
   
Je repère les deux femmes derrière lui, j'ai à peine le temps de les distinguer approuver qu'il fait rempart et hausse un sourcil d'un air arrogant. Avant qu'il n'en rajoute une, je me terre dans le petit salon, fermant la tenture à deux cheveux de son visage.
De l'air caresse mes épaules et je repère sa tête démoniaque dans le miroir. Il sait très bien que j'ai besoin de quelqu'un pour les fichus rubans dans mon dos, car la vendeuse est partie avec les autres hommes. Cependant, il est également au courant qu'il n'a pas intérêt à poser les doigts sur moi si je ne lui en donne pas la permission.
   
— Tu vas rester figée longtemps comme une demeurée ou enfin user de ta voix pour me demander de t'aider.
   
Depuis la glace, je me contente de soutenir ses yeux.
   
— Ce n'est pas très poli de ne pas répondre, delinquente.
                                                                                délinquante.

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