🚬Chapitre 17 : Délire sombre🚬

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Tout de noir vêtu, je ne descends pas par les escaliers au risque de me faire attraper. Caïo est comme un chien guettant la moindre de mes actions. Il a passé sa journée à deux pas de moi, scrutant mes faits et gestes dès que je bougeais d'un poil. Comme s'il avait peur que je me brise. Heureusement pour moi, il m'a laissée lorsque je suis montée « me coucher » , ce qui est absolument faux, au passage. Tellement qu'il est derrière moi, j'ai du mal à le semer !
   
Depuis ce que j'ai aperçu la veille sur les photos du corps de Gépé, je tente de prendre des forces en mangeant, mais un jour ne suffit pas à me rendre imbattable. J'ai même tenté d'avoir de la tranquillité en recommençant le footing autour du domaine afin de m'aérer les idées et me muscler. Même là, Caïo s'est désigné pour me suivre, toutefois, j'ai réussi à faire abstraction de sa présence après quelques croche-pattes malencontreux dans sa direction. Peu nombreuses sont les choses qui ont changé depuis que j'habite ici. Nous avons toujours notre garage rempli de jolies voitures blindées, un gazon bien tondu, des oiseaux qui chantent et un portail assez grand pour empêcher les curieux de l'escalader. Mais mes efforts ne sont peut-être pas assez pour faire le singe sur les rambardes en pleine nuit.
   
Quelle idée ai-je encore eue ?
   
Je suis consciente que je dois être discrète afin que les garçons ne me repèrent pas. Passer par la porte alerterait Caïo puisqu'il dort dans la chambre d'à côté. Le balcon s'avère ma meilleure option, à condition qu'il ne sorte pas à l'extérieur. Et je le connais un minimum pour savoir qu'il préfère la terrasse du bas que la sienne à l'étage.

Beaucoup de centimètres me séparent du sol, et pourtant, dans un souffle, je saute dans le vide d'une façon qui se veut maîtrisée et silencieuse. Ça fonctionne, bien que ma cuisse en ressente l'impact. Ma jambe vibre, mais je m'oblige à retrouver un semblant d'équilibre avant de jeter des coups d'œil autour de moi. Les cachets que je prends sont efficaces et la plaie cicatrise mieux que je ne le pensais.

En douceur, je trotte jusqu'au bois, faisant attention d'éviter les branches et les feuilles afin de ne pas me faire remarquer. De là où je me tiens, il n'y a personne à part des arbres remplis de bestioles.

Soudain, un léger faisceau rouge-orange apparaît. Mes yeux se focalisent sur la zone et la silhouette que je perçois provoque le court arrêt de mes pulsations. Il fait flipper à se cacher ainsi entre deux troncs.

J'avance, me voulant sereine tandis que j'ai la vive impression de courir en plein mirage et de me noyer dans le Styx. J'agis de façon rassurée alors qu'une boule se développe au niveau de mon œsophage. Il fume en me dévisageant et je ne dis rien, me postant seulement devant lui. Il finit par écraser son mégot du bout de sa bottine et la nuit noire nous entoure. Sans rien articuler, il mène la route, m'invitant à le suivre. Je ne sais pas vraiment ce que je fabrique, cependant, je me laisse tenter et reste derrière lui. Ce n'est qu'une fois perdus en plein milieu de cette forêt que sa voix retentit :

— T'es en retard.

Il m'accable d'un regard noir que je prends sans broncher.

— C'est moi qui fais la loi, Daïara. N'oublie pas notre accord, sinon tu risques de mourir plus vite que prévu, me menace-t-il face à mon mutisme.
— Mourir ne me fait pas peur, réponds-je d'une manière posée.
— Faux. Ça te fait flipper, me contredit-il comme s'il m'avait toujours connu.
— Non.

Sans m'avertir, il fait volte-face et mon front atterrit contre son torse. Son index sur mon menton, une de ses paumes se calant contre moi pour m'éviter de bouger, il susurre :

— La faucheuse te fout la frousse. Si tu n'as pas eu le courage d'en finir toi-même quand t'en avais la possibilité, c'est que tu crains la mort. Si tu nous as contactés et que t'as accepté mes conditions, c'est que tu me crains, moi. Dans tous les cas, tu repousses toujours ton moment...

DélariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant