🪪Chapitre 31 : Délire d'identité🪪

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Les mouvements de balancier réguliers provoquent l'éveil de ma conscience. Ce qui ne m'empêche pas de prétendre être dans un état végétatif. J'ai toujours appris à percevoir et sentir ce qu'il se trouve autour de moi avant d'ouvrir les yeux. Simplement supposer, analyser afin de juger si la situation est critique ou non. Rien qu'à l'odeur, je suis certaine d'être dans ses bras. Pas au sens figuré... je suis loin de me résigner à ça. Même si j'aimerais affirmer que je ne me suis pas laissée traîner, que je savais entièrement ce que je faisais, c'est faux. À l'instant même où j'ai avancé sur le sol terreux de ce bois pour riposter, je me suis effondrée comme une malpropre, perdant aussitôt connaissance. Pas assez longtemps, du moins. Et voilà que dorénavant, je me retrouve contre le torse du diable. Profiter de la situation pourrait s'avérer être intéressant. Mais après les quelques fois en compagnie de cet homme, j'ai compris qu'il était à l'affût de chaque détail. Même du plus insignifiant. Je garde les paupières closes, écoutant le bruit aux alentours. Rien. Même pas une mouche qui vole. Alors je ne résiste pas à la tentation d'entrouvrir légèrement mes paupières dans le but de découvrir enfin ce qu'il se cache dans le manoir de la mort. Avant même que je ne puisse remarquer ne serait-ce qu'un bout du mur, une porte claque et mon corps est lâché sur une sorte de carrelage dur. Cette fois, je n'attends plus et retrouve la vue au moment même où une giclée d'eau me tombe dessus. La fraîcheur des gouttes provoque mon redressement immédiat et quand je suis prête à aller assassiner Seyni accoudé au meuble de salle de bain, ce dernier prononce :

— Ne salis pas mon putain de parquet.

D'un rictus, je pose un premier pied sur le bois, puis mon second en soutenant ses yeux.

— À croire que t'as vraiment envie que je te bute, grince-t-il en restant toujours au même endroit pour me dévisager.

La façon dont il s'adresse à moi est si sèche que mes membres se tendent.

— Je ne suis pas ton animal de compagnie, Seyni.
— Ah bon ?

Mes yeux lui lancent des éclairs et je continue précautionneusement mon chemin vers lui. Pas à pas, dégueulassant le sol d'eau et de sang.

— Tu vas lécher le sol, Daïara Lairis.

Je hausse les épaules, attendant qu'il mette ses menaces à exécution. Il roule des yeux et décroise les bras de son torse, ses mâchoires se crispent. Pour que je ne le remarque pas, il esquisse un sourire étrange, se voulant narquois.

— Blessé ? deviné-je.

Aucune réponse, je poursuis mon avancée, toujours aussi lentement.

— Soit tu entres dans cette cabine et tu te douches, soit c'est moi qui te fais prendre un bain.

Son regard s'assombrit, le mien se ternit. Ce n'est pas parce qu'il a une blessure que ça va l'arrêter. Il est déjà à quelques centimètres de moi. Ses paumes enserrent mes hanches. Je mords mes lèvres et contiens ma supplique qui, cette fois, n'a rien à voir avec du désir, je ressens bien de la douleur. D'un souffle, il crache :

— T'as trois secondes.

Ne supportant pas qu'il me dise quoi faire, je reste à ma place. Je souhaite simplement mettre un terme à cette journée. À tout ça, en réalité.

Je le pousse afin de partir, il attrape fermement mon bras et me jette dans la douche en crachant :

— T'as beau être forte, tu ne fais pas le poids face à moi.

Il me plaque contre la paroi froide et cette vérité me fait plus mal que de raison.
Mes paumes contre son torse humide, je secoue la tête.

— Ferme-la, lui sommé-je, sentant la colère ressurgir.

DélariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant