Chapitre 6

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LUBNA






Cela ne peut pas m'arriver.

Mon monde entier vacille, mon corps entier tremble, mes yeux perdent leur direction. Je me sens tellement déconcerté que je pourrais jurer que mon âme a quitté mon corps au moment où ces mots ont quitté sa bouche.

Sa reine.

Il m'a choisie, moi, pour régner à ses côtés, comme son épouse, celle qui portera ses enfants.

Moi.

Parmi tant d'autres.

Je suis maudite, c'est certain.

— Non.

Je retrouve ma voix, même si ce n'est qu'un murmure tremblant.

— Non ?

Je me force à le regarder droit dans les yeux.

— Je ne vous épouserai pas, parce que je le refuse.

— Peu m'importe que tu le veuilles ou non, petite agnelle. Sa voix me fait trembler, mais son regard me glace le sang. Tu seras ma reine, même contre ton gré, car moi, ton souverain, ton roi et ton futur époux, je l'ordonne.

Et sur ces mots, il quitte la pièce, me laissant complètement seule et anéantie. Mon cœur me brise, à tel point que je manque de souffle. Des larmes coulent sur mes joues. Je ne sais pas ce que je ressens en ce moment, mais tout tourne autour de moi. Mes sanglots emplissent la pièce. J'entends des bruits derrière la porte, mais je n'en ai cure.

Il a brisé ma vie à cause de son caprice débile. Je le hais, tellement que mon cerveau commence déjà à élaborer un plan pour fuir cet enfer. Mes pieds me mènent instinctivement vers la fenêtre. Je respire profondément en essuyant mes larmes. Il ne peut pas me garder enfermée ici. Je ne le laisserai pas faire. Je ne me plierai pas à sa volonté.

Tu ne me mettras jamais à genoux.

Jamais.

La brise fraîche m'enveloppe lorsque j'ouvre les portes du balcon. Mes yeux s'émerveillent devant la beauté du jardin du palais. Son immensité me donne le vertige, et la présence d'un labyrinthe attise ma curiosité. Je m'approche de la balustrade, les yeux écarquillés, admirant chaque détail.

Un frisson me parcourt le dos alors que je prends conscience de ma situation. Je suis au sommet du château, et sauter dans le vide serait une funeste décision. La peur me serre le cœur et mes ongles s'enfoncent dans mes paumes tandis que je ferme les yeux.

Je me sens tiraillée entre deux sentiments contradictoires. D'un côté, l'impuissance et la peur me submergent. Reculer signifierait me perdre, et avancer me confronterait à une chute fatale. Je suis comme sur une corde raide, en équilibre précaire.

Mes émotions me submergent, et la confusion s'installe. Je le déteste, c'est certain, mais un autre sentiment s'immisce, un sentiment que je connais depuis le jour où je l'ai rencontré. Découvrir que l'objet de mon désir est aussi celui de mon mépris me procure une douleur insoutenable.

TyranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant