Tyran

Chapitre 41

LUBNA

Je me sens mal.

— Pensez-vous que je devrais retourner féliciter le roi ?

— Si c'est ce que vous désirez, Votre Majesté, vous pouvez le faire.

Je grimace à cette réponse dénuée d'émotion que Lucia vient de me donner. Martin rit, mais se stoppe brusquement en croisant mon regard.

J'ai quitté la pièce, le cœur lourd, lorsque le roi s'est approché de moi pour me murmurer des mots empreints de douceur. J'ai d'abord été enveloppée par la chaleur de ses bras, mais j'ai décidé de feindre l'indifférence. Malgré l'envie irrésistible de revenir vers lui et de l'embrasser, je suis partie, réprimant mes sentiments.

Un des gardes entre alors, à la recherche de Martin pour l'aider à déplacer quelques objets. Lucia me tend un verre de lait chaud. Bien que j'aie déjà beaucoup mangé lors du dîner, j'ai encore de la place pour cette douceur, surtout avec des biscuits.

Je lui souris en la remerciant. Il n'est pas si tard, mais la cuisine semble déserte, et les domestiques se sont retirés tôt, sur ordre du roi, laissant derrière eux une partie du buffet prévu pour la célébration annuelle.

— Je sais que tu es d'ordinaire discrète, mais là, tu es tout de même trop silencieuse, non ?

Je croque dans le biscuit, attendant une réponse de Lucia, mais elle ne dit rien.

Arquant les sourcils, je me retourne, et ma respiration se coupe net.

Zakh est là.

Il tient Lucia dans ses bras, un couteau pointé contre son cou et une main couvrant sa bouche.

Lorsqu'il me voit, il arbore un sourire satisfait, m'observant de haut en bas.

Un frisson me parcourt.

— Est-ce que je t'ai manqué ?

J'avale difficilement ma salive, ne sachant que faire. Mon cerveau est figé, et je me retrouve paralysée, incapable de crier.

— Si tu cries, je lui trancherai la gorge.

Mon corps commence à trembler alors qu'il s'approche de moi.

Tout se déroule si rapidement.

Il jette Lucia à terre, lui assénant de violents coups de pied. Mon instinct me pousse à reculer. Zakh s'approche, sort un chiffon et me le met sur le visage. Luttant contre lui, tout ce qui se trouvait sur la table s'effondre, provoquant un fracas assourdissant. Je distingue des bruits de verre qui se brisent, mais avant de pouvoir réagir, le tissu m'enveloppe et je tombe dans l'inconscience, ayant inhalé la substance toxique qu'il contenait.

Lucia sanglote et crie à l'aide. Puis, elle finit par se taire, laissant échapper seulement des halètements avant de sombrer dans l'inconscience.

Je ne sais pas combien d'heures ou de minutes passent, mais lorsque je me réveille en sursaut, je tente de bouger. Mes paupières s'ouvrent lentement. J'essaie de me repérer : la pièce est partiellement sombre, seule une bougie éclaire une partie de l'espace. Mes regards se portent sur mon corps ; mes jambes et mes mains sont liées.