Chapitre 35

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RAYAN






— La reine s'est évanouie.

À peine a-t-il achevé sa phrase que je me précipite, paralysé par la terreur, à la recherche de ma femme.

Une anxiété sourde bouillonne dans mes veines ; quelque chose d'étrange se trame, et le fait de ne pas savoir ce qui se passe m'angoisse encore davantage.

Un des gardes m'informe qu'on l'a déjà conduite dans notre chambre et que le médecin se trouve à ses côtés. Bien que cette nouvelle ne parvienne pas à me rassurer, les escaliers me semblent interminables alors que je les monte en courant, jusqu'à atteindre la porte de notre chambre.

Ignorant totalement les gardes qui s'inclinent devant moi, j'ouvre la porte avec précipitation. Le médecin scrute ma femme, alitée sur notre lit, et la panique me submerge à la vue de son cou ensanglanté, ainsi que de ses vêtements maculés.

Toutefois, le médecin me rassure rapidement : ce sang n'est pas le sien. Je lâche un long soupir de soulagement, mais je me retire quelques instants pour découvrir ce qui est arrivé à la reine.

J'écoute attentivement les récits de ce qu'il s'est passé. La colère m'envahit lorsque Martin me narre comment Lubna a trouvé Nuage. Je prends une profonde inspiration ; j'en viens enfin à comprendre l'origine de l'évanouissement : ma femme a découvert l'agnelle, couverte de sang, dans un dernier râle de souffrance, presque morte. C'est une vision atroce, même pour un homme ayant tué pour protéger le royaume. Martin ajoute que le cri désespéré de la reine, demandant à sauver l'animal, lui a transpercé le cœur.

Je lui demande de mener l'enquête sur ce qui s'est passé, et il me répond que Sir William s'en charge. Je hoche la tête, puis retourne dans notre chambre. Le médecin m'attend avec un verdict. En raison du choc éprouvé par la reine — bien qu'il précise que la fatigue physique a également joué un rôle — elle devra rester alitée pendant quelques jours, sans émotion forte susceptible de compromettre sa santé.

Le médecin s'en va, et je m'assois au bord du lit, contemplant ma femme qui dort paisiblement. J'aurais dû prévoir que nos ennemis s'en prendraient à Nuage. À part sa famille, cet animal était ce qu'elle chérissait le plus au monde. Elle l'emmenait partout, toujours à sa recherche. Ils ont donc réussi, en s'en prenant à l'agnelle, à lui infliger la plus profonde des souffrances.

Elle sanglote doucement, balbutie des mots incompréhensibles et tremble dans son sommeil.

Je m'approche d'elle, caressant délicatement sa joue, veillant à ne pas la réveiller, et peu à peu, elle semble se calmer.

— Rayan...

— Me voilà, petite agnelle.

Ses paupières s'agitent, et elle ouvre les yeux. Son menton tremble alors qu'elle se réfugie dans mes bras, laissant échapper des pleurs désespérés. Chaque sanglot me perce le cœur, et je lui murmure que je ferai payer celui qui lui a infligé cette douleur, tout en la serrant fort contre moi.

Lubna continue de pleurer jusqu'à ce qu'elle se calme lentement, un soupir s'échappant de ses lèvres alors qu'elle se blottit encore plus profondément dans mon étreinte.

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