Chapitre 21

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LUBNA






— Bonsoir, Votre Majesté.

Je souris poliment lorsqu'il termine son salut. J'ai encore du mal à côtoyer les nobles, même s'ils me traitent avec respect. Je sens leur regard critique posé sur moi. Je sais qu'à leurs yeux, une fille de haute naissance mériterait davantage la couronne que moi, une fille du peuple issue d'une classe pauvre.

Mais à leur grand damne, le roi a décidé que je serais la reine, son épouse et la mère de ses enfants.

Copperwest n'est pas différente des Champs du Nord, même si je n'ai pas pu y passer beaucoup de temps avec les nobles. La présentation était avant tout destinée au peuple et peu d'entre eux ont eu le privilège d'assister au thé que le consul, Monsieur Sigfus, a donné en notre honneur. Ici, en revanche, une grande fête est organisée en commémoration des rois.

Les dames ne cessent de me fixer, me jaugeant du regard. Elles murmurent dans mon dos, exhortant leurs filles à séduire Rayan, à s'incliner avec respect et à se pavaner devant lui. Mais il ne leur accorde aucun regard.

Nous discutons avec les hôtes de cette belle soirée, notamment avec l'épouse du duc, une femme merveilleuse qui rend cette soirée agréable. La duchesse Isabella est d'une grande beauté, avec ses yeux bleus comme le ciel, ses cheveux blonds soyeux et ondulés, et son corps élancé. Elle se déplace avec une finesse qui impressionne tout le monde.

— Je ne supporte pas la noblesse, dit Rayan en prenant une gorgée de son bourbon. Bien que je sois né dans une famille noble, nous sommes très différents de la plupart des gens de haute naissance. J'ai également eu la chance d'épouser une femme merveilleuse, qui ne se laisse pas guider par les préjugés.

— C'est la même chose aux Champs de l'Est.

— Je vous prie de m'excuser, Votre Majesté, mais je ne suis pas d'accord. Dans cette ville magnifique vivent les nobles les plus hypocrites que j'aie jamais rencontrés, comme cet homme au costume bleu foncé derrière mon mari qui essaie de se faufiler dans la conversation.

Mes yeux se tournent vers l'homme, qui n'a d'homme que l'apparence. Il doit avoir à peu près l'âge de Rayan, peut-être un peu plus, mais par respect, je comprends qu'elle doit s'adresser à lui en utilisant ces termes.

— Jason de la maison Byron, c'est le premier-né. Le titre de baron lui revient donc de droit et il se doit de respecter les lois. Il a mis enceinte la femme de son frère, qu'elle repose en paix. Bien sûr, les dames de la société n'ont pas manqué de faire du vent sur cette affaire et ont accablé la jeune fille de toutes les infamies, prétendant qu'elle l'avait séduit et j'en passe.

Ses sourcils froncés trahissent son indignation.

— Le pire, c'est que personne ne sait s'il l'a forcée ou si elle a consenti. Même si c'était le cas, cela n'enlèverait rien à sa responsabilité. Mais la société est hypocrite : si quelqu'un en dehors de leur cercle commet le même péché qu'un des leurs, il est impitoyablement puni. C'est ainsi depuis toujours et ça le restera, car ils refusent de changer. Ils inculquent ces valeurs à leurs enfants et les transmettent de génération en génération, devenant de plus en plus intolérants.

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