Chapitre 19

306 16 9
                                    






LUBNA






Deux semaines se sont écoulées depuis que j'ai épousé le roi, deux semaines depuis que j'ai été couronnée reine d'Alkaeria.

Depuis ce jour, je n'ai pas quitté cette chambre. Rayan me tient prisonnière du plaisir, me révélant des sensations que je n'imaginais même pas possibles. À chaque instant, il se surpasse, me laissant impatiente de la prochaine fois. Mais il a des responsabilités, et nous ne pouvons rester enfermés dans cette pièce indéfiniment, même si je le souhaite ardemment.

— Ne me regarde pas ainsi, ma petite agnelle.

— Comment je te regarde ?

— Comme si tu ne voulais pas que je m'éloigne.

— Peut-être que je préférerais que tu restes, justement.

— Tu ignores combien j'aspire à m'enfermer à nouveau avec toi dans cette pièce pendant des mois, oubliant toutes mes obligations. Mais je dois diriger un royaume, même si j'adorerais abdiquer et déléguer mes tâches à quelqu'un d'autre. Malheureusement, cette personne n'existe pas.

Je me mords la lèvre inférieure. Je ne souhaite en aucun cas entraver ses devoirs de roi. Mais plutôt que de rester recluse, j'aimerais l'aider à gouverner. Je rêve de faire appliquer les lois du travail pour protéger les ouvriers, d'enseigner la lecture aux enfants des paysans, de faire de l'éducation un droit accessible à tous et non un privilège réservé aux nobles.

— Tant que je n'aurai pas d'héritier en âge de monter sur le trône, ce rêve ne pourra se réaliser, soupire-t-il.

Un héritier.

Un enfant.

Le nôtre.

Ma gorge se serre.

Depuis qu'on s'est enfermés ici, je n'ai pu m'empêcher de penser à nous deux, à nos corps enlacés. J'ai peur d'être enceinte après tout ce qu'on a fait... Je ne sais pas si je me sens prête pour ça.

L'anxiété m'envahit. Rayan ressent soudainement la tension qui s'est installée et se retourne vers moi.

— Je ne suis pas désespéré d'avoir une descendance, mon amour, ne te fais pas de souci.

— Et si je ne peux pas ?

Il me fixe, confus.

— Quoi ?

— Concevoir un enfant.

Un silence pesant s'installe après mes paroles. Je sais pertinemment ce qu'il adviendrait si je ne pouvais pas tomber enceinte.

— Tu devras trouver quelqu'un d'autre pour avoir des enfants.

Des images me submergent : Rayan avec une autre, faisant ce qu'il me fait, la touchant, l'embrassant, l'aimant. Mon souffle se raréfie, mon cœur tambourine à tout rompre. Cette horrible sensation consume tout sur son passage.

— Mon amour, cela n'arrivera jamais.

— Tu ne peux pas en être certain.

Ma voix se brise. Rayan me rejoint en quelques secondes, ses mains enserrent mes joues et soulèvent mon menton pour que je le regarde droit dans les yeux.

TyranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant