RAYAN
Les rires résonnent joyeusement dans la pièce.
Je vois mes neveux courir dans le salon tandis que ma femme caresse tendrement le ventre arrondi de ma sœur Nadia. Il y a une lueur particulière dans ses yeux ; la maternité semble avoir ravivé sa beauté, lui conférant un éclat inédit.
— Le banquet sera servi sous peu, Votre Majesté.
J'acquiesce sans quitter ma femme des yeux.
— Tu vas t'épuiser si tu continues à la regarder comme ça.
— Penses-tu vraiment, petite sœur ?
— Oui, il vaudrait mieux réserver ces regards enchâssés pour les moments d'intimité ; ils sont chargés de signification.
Elle heurte légèrement mon épaule avec la sienne, et je lui souris en l'enlaçant tendrement.
— Peut-être devrais-tu donner le même conseil à ton mari ; les regards qu'il t'adresse sont éloquents.
Elle lève les yeux au ciel puis s'éloigne à nouveau pour rejoindre les autres femmes.
Ma tante Laleh discute avec Nadia, lui prodiguant des conseils sur la grossesse. Je ne comprends pas tout, mais je réalise que je devrais m'y intéresser davantage avant d'accueillir mes propres enfants avec ma belle reine.
Quand elle remarque mon regard, elle lève la tête et sourit avant de se replonger dans la conversation. C'est étrange de les voir toutes vivre en harmonie. Nadia, si apaisée aux côtés d'Iris... La maternité a véritablement tempéré son caractère.
Lorsque l'on nous annonce que le banquet a déjà commencé, nous nous dirigeons vers la salle à manger.
Noël se célèbre toujours ainsi au palais, ou du moins c'est le souvenir que j'en ai de mon enfance.
À l'époque de mes parents, c'était plutôt un dîner. Les enfants n'étaient pas invités à la table des adultes, et nous mangions dans une autre pièce pendant qu'ils s'amusaient dans le salon, attendant avec impatience de rejoindre la fête quand j'étais enfin considéré comme assez grand. Je ressentais alors le regret de ne pas être avec mes sœurs ; il n'y avait pas de pression à leurs côtés. Comme étant leur grand frère, je pouvais me sentir à ma place. À table avec les autres membres de la famille, en revanche, j'étais déjà le futur roi, une lourde responsabilité sur mes épaules.
Ce poids, je le ressens encore aujourd'hui, mais il est devenu plus supportable.
J'ai décidé d'éliminer cette règle absurde : les enfants ont le droit d'être à table, même s'ils salissent la nappe, cassent un verre ou pleurent. Cela fait simplement partie de leur nature. Ce sont des êtres fragiles qui ne savent pas encore quels comportements sont attendus d'eux. Ils apprennent à peine à parler, à évaluer les situations ou à pointer du doigt. Les priver de leur essence enfantine est tout simplement désolant.
Je ne peux pas demander à James de se comporter comme un adolescent alors qu'il n'a même pas six ans. De même, je ne peux pas reprocher à Jasmine de salir la nappe avec ses petites mains, alors qu'elle peine encore à prononcer le mot "maman".
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Tyran
RomanceLubna Malhas, une jeune fille résidant dans un pays opprimé, rêve d'une vie meilleure loin de la tyrannie, de la pauvreté et de la cruauté de sa tante. Alors qu'elle planifie de s'enfuir pour trouver la liberté et le bonheur, le roi Rayan Alkaezar a...