Chapitre 28

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LUBNA






— Quel mois sommes-nous ?

— Début décembre, Votre Majesté.

Mes yeux s'écarquillent de surprise.

— Décembre ?

— Oui, Votre Majesté. Le voyage a pris plus de temps que prévu, mais la semaine prochaine nous serons au palais.

— Est-ce qu'ils fêtent Noël au palais ?

Sir Abraham hoche la tête en répondant.

— Ils le font, Votre Majesté, tout comme dans l'ensemble du royaume.

— Pas chez moi. Je n'ai pas célébré Noël depuis longtemps.

Je laisse échapper un long soupir en observant Nuage courir dans le pré, poursuivant un papillon.

— Je ne sais pas si tu es au courant, mais ma mère est morte en me donnant la vie. Mon père a fait de son mieux pour me rendre heureuse, même si nous étions pauvres. En dépit de tout cela, j'ai trouvé le moyen d'être heureuse.

Mes yeux se tournent vers la grande montagne qui se profile au loin.

— Dans cet enfer, seuls ceux qui ont de l'argent peuvent prétendre être heureux et mener une bonne vie. Pourtant, mon père a veillé à ce que mon enfance reste unique jusqu'à sa mort.

— Je suis désolé d'apprendre cela, Votre Majesté.

— Ne dis pas cela. C'est le cycle de la vie : tu nais, tu te reproduis et tu meurs. C'est ainsi. Malgré tout, j'étais heureuse, jusqu'à un certain point, bien sûr. Mais nous n'avons jamais célébré Noël. En réalité, je ne savais même pas que cela existait avant de commencer à travailler pour la famille Toledo, où j'aidais ma tante dans la cuisine, apportant le dîner et servant ce jour où tout le monde se retrouve en famille. Une fois, j'ai ressenti de l'envie. J'avais envie d'avoir ce qu'ils avaient, et ce sentiment m'a laissée avec un goût amère. Je ne veux plus revivre cela.

Un silence pesant s'installe après mes paroles.

— J'ai aussi ressenti ce même sentiment d'envie.

Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. Il garde une distance de sécurité, mais reste droit et vigilant, comme Rayan le lui a ordonné, pour me protéger avant tout.

J'arque un sourcil, l'encourageant à poursuivre son récit.

— Je suis né dans une famille aisée, bien que nous ne soyons pas nobles. Mes parents possédaient de vastes terres agricoles qui produisaient de la nourriture. Beaucoup de paysans et d'employés travaillaient pour nous, mais cela n'a jamais eu d'importance pour moi, ni pour mes parents. Je suis au milieu de trois frères, et mon père privilégie mon frère aîné. Il lui a transmis tout ce qu'il fallait savoir pour assurer la succession et le bon fonctionnement des terres, tandis que ma mère s'occupe de mon frère cadet.

Je souris en l'écoutant parler.

— C'est rassurant de savoir que tu as trouvé une famille ici.

La matinée s'est écoulée lentement. En ce moment, Rayan est à l'intérieur du bureau, élaborant des stratégies pour renverser les Toledo. Une multitude d'informations cruciales s'étale devant lui : des détournements massifs de biens que l'ancien roi a orchestrés depuis son accession au trône, au détriment des Champs de l'Est.

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