Chapitre 7

359 24 3
                                    






LUBNA






— Mademoiselle Malhas.

Ma tête se redresse lorsque mon professeur de manières et de protocole entre dans la bibliothèque. Cela ne fait que deux jours que le roi m'a enlevée, mais les préparatifs du mariage ont déjà commencé. Je me sens terriblement fatiguée, même si je ne fais rien ici. Mes journées sont rythmées par l'étude de l'histoire du royaume, l'apprentissage des couverts à utiliser, de la tasse dans laquelle je dois boire et de la manière dont je dois me tenir à table.

Je referme le livre brusquement et me lève de mon siège, bien que j'aimerais me rasseoir et me plonger dans l'histoire. Il est temps de retourner à la salle à manger. Hier, Madame Aniston m'a appris quels ustensiles utiliser, une tâche fastidieuse mais compensée par un festin à chaque leçon.

En arrivant dans la salle à manger, mes yeux s'illuminent à la vue de la table dressée. Je m'assois délicatement sur la chaise, le dos droit, le menton levé et les mains sur les genoux. À ma droite, disposés de l'extérieur vers l'intérieur, se trouvent les cuillères et les couteaux, en commençant par la cuillère à soupe. À l'extrême droite, après un petit couteau à entrée, se trouve le couteau de table traditionnel.

À gauche de l'assiette, les fourchettes sont disposées dans le même ordre : d'abord la fourchette à table, puis la fourchette à entrée. À côté des cuillères, deux verres vides : celui de droite pour le vin blanc, celui de gauche pour le rouge. Au centre, un petit verre à eau. Je fais un signe de tête au domestique qui s'approche pour remplir les verres.

Devant l'assiette, une petite cuillère et une fourchette à dessert. Je respire profondément quand la première assiette arrive, me rappelant la leçon d'hier : toujours commencer par le couvert le plus éloigné, de l'extérieur vers l'intérieur. Je récite mentalement les paroles de Madame Aniston.

De l'extérieur vers l'intérieur.

J'utilise consciencieusement tous les ustensiles pour déguster la purée de pommes de terre à la viande sauce champignons et légumes. C'est la première fois que je mange un tel plat et je dois dire que je l'apprécie beaucoup. La cuisine du château est exquise, le chef excelle à rendre chaque repas unique. Je mastique lentement, savourant chaque bouchée, même si j'aimerais engloutir mon assiette avant que ma tante ne me la retire.

Cette pensée me glace le sang et me fige sur place.

Je ne suis plus à la ferme.

Je ne trime plus pour un misérable plat de nourriture.

Je ne suis plus sous sa dépendance.

Mais maintenant, je suis prisonnière de quelqu'un de bien pire. Ils m'ont juste transférée d'une cage à une autre en or.

J'ai du mal à avaler ma nourriture, mon moral est au plus bas. Ces deux derniers jours, mon esprit est constamment dans le brouillard. Il m'a fallu trop de temps pour réaliser ce qui m'arrive. Je fais semblant que tout va bien, je joue le jeu pendant les cours, juste pour qu'il croie que je m'habitue à cette vie, mais c'est faux. Chaque nuit, dans mon sommeil, je pleure. Des larmes pour la liberté que je n'ai jamais connue et que j'ai tant désirée.

TyranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant