La vérité qui détruit

Chapitre 3

Drrrriiiing! 

Fiou, les cours sont enfin finis. Je dis au revoir à Catalina, car je prends un autre bus pour aller à la librairie. Assise dans l'autobus, je suis perdue dans mes sombres pensées lorsque mon cellulaire se met à vibrer. 

—Oui allô?

 —Iris. Tu rentres directement, ce soir?

Je soupire silencieusement : C'est mon père.

—Non, je vais faire un tour à la librairie, mais je devrais être de retour pour le souper. Pourquoi?

—La librairie? fait-il sans répondre à ma question. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

—Merci pour ton opinion, mais j'y vais quand même.

—Iris, je t'interdis de...

Je raccroche presque aussitôt. Pourquoi tient-il tant à ce que je sois rentrée tôt ce soir? Normalement, je peux rentrer à 3h du matin sans même lui donner de raison et il ne demande pas d'explication. J'apprécierais sans doute davantage cette liberté si elle n'était teintée d'indifférence glaciale.

Lorsque mon père me rappelle, je l'ignore. Ah! Ma sœur m'a sans doute trahie en l'informant de mes escapades nocturnes, c'est la seule explication logique. Je me vengerai... 

Quelques minutes plus tard, je descends tranquillement du bus et entreprends de marcher le long de la rue au bout de laquelle se trouve la librairie. Ce faisant, je baisse la tête afin de ne pas croiser le regard de personne.

J'arrive finalement devant la librairie, qui est un magasin à la décoration un peu désuète, mais chaleureuse. Je pousse la porte et le son familier de la sonnette résonne à mes oreilles.

Mme Ivery n'est pas en vue, elle est probablement dans l'arrière-boutique.

—Mme Ivery? j'appelle.

Aucune réponse.

Je m'apprête à aller vérifier à l'arrière du magasin lorsque je vois quelque chose qui dépasse de derrière le comptoir. 

Une main inerte.

—Mme Ivery! je m'exclame avec horreur.

Derrière le comptoir se trouve le corps sans vie de la libraire, une tache de sang sombre sur son chandail. Ses yeux vitreux me fixent, un dernier appel à l'aide.