Chapitre 20

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J'ouvre les yeux et reste confuse pendant quelques instants, puis tout me revient en mémoire. Ah, cette maudite fièvre! Elle me rend si vulnérable.

Je lâche un grognement et repousse la couverture. J'ai terriblement mal à la tête, mais au moins la fièvre semble avoir diminuée. 

—Mélissa? j'appelle d'une voix rauque.

J'ignore moi-même pourquoi je souhaite voir ma sœur. Peut-être est-ce dû au fait que je me suis habituée à sa présence, ou bien que c'est la seule personne à qui je peux parler dans mon état. Cependant, seul le silence du manoir répond à mon appel, cela n'a rien d'étonnant. À cette heure-ci, ma sœur doit être en train de dépenser l'argent de mon père avec ses "amies".

Tout de même, cette maladie ne pouvait pas tomber plus mal. Erel a beaucoup de chance. À moins que ce ne soit aut...

—Bien dormi? interroge une voix intempestivement amusée dans mon dos.

—Oui, je vais mieux, je réponds tout en m'efforçant de ne pas avoir l'air surprise par son apparition subite.

—Je suis ravi de l'entendre, dit Erel.

—Permet-moi d'en douter, je marmonne entre mes dents.

S'il m'a entendu, il n'en démontre rien. Erel pose sa main glacée sur mon front, je frissonne légèrement.

—Ta fièvre a baissé, constate-t-il.

Est-ce de la frustration que je vois passer brièvement dans son regard? Je ne saurais le dire. 

—Je pense être capable de retourner à l'école.

—Cela ne me semble pas être un choix judicieux. Laisse-toi récupérer un peu.

—Ce ne sera pas nécessaire.

—J'admire ta soif d'apprendre, répond-il avec sarcasme et irritation. Mais ce n'est pas le moment.

—Je t'assure que tout ira bien.

Il me lance un regard noir, mais lorsqu'il prend la parole, sa voix est étrangement douce : 

—Soit. Mais mange au moins à la maison, cela te donnera des forces.

 Je hausse les épaules, pourquoi pas? Je monte ensuite dans ma chambre pour me changer, la douleur faisant souffrir ma tête, mais pas ma détermination. Lorsque je redescends, Erel m'attend au salon. Un bol de soupe fumante est posé sur la table-basse.

—Tu n'as pas... Hum... Du travail ou quelque chose d'autre à faire? je demande tout en prenant une gorgée de soupe.

—Oui, mais rien de plus important que ta santé.

Je déglutis péniblement, la méfiance s'insinuant en moi comme du venin. Erel ne fait jamais preuve de gentillesse sans raison. Tandis que je termine mon bol de soupe en silence, une terreur glacée me saisit. L'impression d'avoir fait une grave erreur me percute, sans que je ne parvienne à l'identifier.


La vérité qui détruitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant