La vérité qui détruit

Chapitre 33

Assis au bout d'une longue table, Erel écoute à peine les investisseurs présenter leur projet. Son ennui, teinté de mépris pour toutes les personnes dans la pièce, ne cesse d'accroître. Jouant distraitement avec un stylo, il jette un regard sur sa montre et retient un soupir : encore une heure de cette torture...

Soudain, des coups timides se font entendre à la porte. La présentation est momentanément interrompue.

—Un appel pour vous, monsieur, déclare le nouveau venu.

—J'avais pourtant spécifié que je ne souhaitais pas être dérangé, répond-il avec agacement.

—Une urgence, paraît-il.

Erel fronce les sourcils, intrigué malgré lui.

—Un instant, dit-il à l'adresse des investisseurs.

Une fois la porte refermée derrière lui, il prend son téléphone des mains tremblantes de l'employé. Ne reconnaissant pas le numéro inscrit sur l'afficheur, il demande froidement :

—Qui est à l'appareil?

—Bonjour, monsieur Brown. C'est Marie.

Marie? Quelques secondes s'écoulent avant qu'il ne parvienne à associer le nom au visage. Erel se crispe légèrement. Que se passe-t-il?

—Je vous appelle au sujet d'Iris, poursuit Marie. Elle est venue chez nous aujourd'hui, paniquée. Elle n'arrêtait pas de dire que nous devions partir.

—Pourquoi? interroge-t-il, bien qu'il sache déjà la réponse.

—La pauvre semblait convaincue que vous souhaitiez tuer Sam, ou quelque chose comme ça... Son histoire n'avait aucun sens. Je m'inquiète beaucoup pour elle.

—Vous avez bien fait de m'appeler. Que fait-elle en ce moment?

Sa voix, chargée de préoccupation feinte, masque sa colère grandissante. Sa fille lui a désobéi, elle le paiera cher.

—Je vais aller voir... Un instant... Elle devait vraiment être épuisée, elle s'est assoupie sur le sofa. Il faut que vous veniez.

Un sourire cruel se dessine sur ses lèvres.

—Oui, ne vous inquiétez pas, j'arrive. Laissez-la dormir jusqu'à mon arrivée.

—Bien sûr, merci, monsieur Brown.

—Oh, mais c'est moi qui vous remercie. Vous avez très bien géré la situation, Iris a beaucoup de chance de vous avoir.

Ignorant le venin du sarcasme habilement dissimulé derrière ces paroles bienveillantes, Marie salue poliment Erel avant de raccrocher. Ce dernier se tourne vers son employé et ordonne sèchement :

—Trouvez-moi un taxi, le plus vite possible.

—Oui, monsieur. Vous ne restez pas pour le reste de la réunion?

—Non. Il y a eu quelques... Imprévus.

Sans ajouter un mot de plus, Erel tourne les talons. Il est furieux que sa fille ait osé le défié ainsi, et elle le regrettera.

Amèrement.