Flashback 3

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La neige tombait doucement sur le sol, formant un majestueux duvet blanc sur les pelouses gelées. Je marchais avec Mélissa, ma mère et Erel. C'était le dernier hiver que nous allions passer ensembles, mais je l'ignorais. J'avais quatre ans, je ne parlais pas beaucoup, mais je voyais tout. Bien que je ne saisissais pas encore l'ampleur de mon don, je m'amusais à sonder les passants, mon silence conservant précieusement leurs secrets les plus sombres. 

—Mamannnn, je veux rentrer, il fait froid, se plaignit Mélissa.

— Pas tout de suite, ma chérie. Nous devons encore aller visiter un dernier endroit.

—Mais pourquoi ne pas y aller en voiture?  Marcher dans la neige, c'est nul!

—Cela nous donne l'occasion d'admirer le paysage et de prendre l'air! Profite de ce moment, répondit ma mère.

Mon attention rivée sur le paysage magique, je ne remarquai pas l'éclat de tristesse dans son regard. Des années plus tard, je me demanderais encore si elle planifiait déjà de nous quitter à ce moment.

Tandis que nous continuions à marcher, ma grande sœur soupira en faisant la moue, je ris sans pouvoir m'en empêcher. Elle me fusilla du regard, interprétant mal mon amusement. Je m'empressai de lui chuchoter à l'oreille la véritable cause de mon hilarité. 

—Le vieux monsieur là-bas pense que tu es une petite enfant extravagante et écervelée! Ça veut dire quoi écervelée? Et extravagante? Ce sont des drôles de mots!

Mélissa fronça les sourcils.

—Qu'est-ce que tu dis encore? 

Je souris avec malice, avant de m'élancer pour attraper un gros flocon de neige. Ma grande sœur soupira de nouveau, exaspérée.

—Papa? 

—Oui? dit Erel en détournant le regard du vieil homme dont nous parlions.

—Ça veut dire quoi, extravagante et écervelée? demanda-t-elle. 

Une expression indéchiffrable passa sur le visage de notre père, il répondit, un petit sourire en coin : 

—Ce sont des synonymes de gentille et intelligente. 

Mélissa, dupée par son mensonge habile, sembla satisfaite.  Elle continua cependant de se plaindre à notre mère qui tentait vainement de la raisonner. Profitant du fait qu'elle ne pouvait plus m'entendre, je me tournai vers Erel, qui me semblait si grand à l'époque, et je tirai sur sa manche afin d'attirer son attention. 

—Pourquoi lui as-tu menti? Tu dis toujours que ce n'est pas bien de mentir. 

Ce dernier inclina légèrement la tête sur le côté, comme s'il trouvait ma question étrange. 

—C'est vrai. Mais parfois, il faut savoir enfreindre les règles pour protéger ceux à qui l'on tient.

—Ça veut dire quoi? 

Il sourit, soudainement enveloppé de mystère.

—Tu comprendras un jour, Iris.

J'ignorais que ce jour serait si sombre.


La vérité qui détruitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant