La vérité qui détruit

Chapitre 10

Ma famille adoptive est là, devant moi. Cela fait si longtemps que je les ai vus! Ma petite sœur, Avery, a grandi. Si je ne me trompe pas, elle a dix ans. Mes parents adoptifs n'ont pas changé, eux. Marie et Sam. Je ne peux m'empêcher d'être heureuse qu'ils soient là, en même temps d'être anxieuse. Je les serre dans mes bras, tentant de cacher ma nervosité. Erel ne va pas aimer ça. 

—Comment ça va? demande ma mère adoptive avec un grand sourire.

—Bien, je suis contente de vous voir! Mais maintenant n'est peut-être pas le moment de... 

Avant que je ne puisse terminer ma phrase, Erel me rejoint. Je me fige, mais il affiche un sourire. 

—Quelle belle surprise! s'exclame-t-il. Entrez, faites comme chez vous!

—Wow, tu vies dans un château! s'écrie mon adorable petite sœur.

Je me force à sourire tandis qu'Erel invite mon ancienne famille à s'asseoir dans la salle à manger. Le cuisinier du manoir nous fait servir du gâteau, je n'y touche pas. 

—Il y a tellement longtemps que nous t'avions vu, on a eu l'idée de te faire une visite surprise, explique Marie. 

—On t'as écrit, par courriel et par papier. Reçois-tu nos lettres? interroge Sam.

Je lance un regard nerveux à Erel qui est assis à ma droit. Celui-ci fait un mouvement presque imperceptible de la tête.

—Non, je n'ai rien reçu, c'est bizarre, je mens.

—Hm, on s'est peut-être trompé d'adresse, il faudra vérifier ça tantôt. Mais ce n'est pas ça l'important,  tu es heureuse, ici?

—Oui, j'ai vraiment beaucoup de chance d'avoir non pas une, mais deux familles extraordinaires, je m'entends dire.

—Iris réussit bien à l'école et elle est charmante. Je n'aurais pas pu demander mieux, renchérit Erel en posant sa main sur mon épaule.

Je me crispe légèrement, mais personne ne le remarque à part lui. Mélissa pousse un petit rire méprisant, mais Erel la fait taire d'un regard.

—Mélissa, et si tu allais chercher des verres pour nos invités? suggère-t-il.

Bien qu'ils aient tous déjà un verre, personne n'ose le relever. Ma grande sœur quitte la pièce à mon grand soulagement, elle ne revient pas.

—Tu t'entends bien avec ta grande sœur? interroge Sam.

—Oui, Mélissa et moi on est aussi proches que les deux doigts de la main. C'est comme une meilleure amie pour moi, je mens avec une pointe de sarcasme que seul Erel semble remarquer.

—Ah, je suis ravi d'entendre cela! s'exclame Marie, enjouée.

Un silence lourd suit ses paroles, Sam tente de détendre l'atmosphère en se tournant vers mon père et en demandant : 

—Et vous, monsieur Brown, les affaires vont bien?

—Oui, et vous, votre poste d'ouvrier à l'usine vous plaît toujours? s'enquiert-il sur un ton moqueur.

Sam pousse un rire nerveux, comme si mon père venait de faire une blague qu'il ne comprenait pas. Je change rapidement de sujet, abordant des sujets de conversation légers, malgré le regard d'Erel que je sens peser sur moi. Je note qu'il semble mépriser Sam en particulier, j'ignore pourquoi.

Une fois le dessert terminé, je reconduis mon ancienne famille à la porte. Tandis qu'ils parlent de revenir me visiter, je me demande si je les reverrai un jour.