Flashback

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La salle du tribunal était un endroit austère. Ce jour-là, l'ambiance dans l'audience était tendue. 

Tandis que l'avocat étalait ses preuves, je me tenais droite comme un piquet, alerte. 

Quelque chose clochait. Je le sentais au plus profond de moi. 

Je me retenais difficilement d'essuyer mes mains moites sur mon chandail. Je ne devais pas montrer ma nervosité. Pas devant lui.

Erel écoutait calmement l'avocat plaider ma cause, un sourire narquois flottant sur ses lèvres. Je n'aimais pas ça. "Pourquoi est-il si confiant?"

J'enroulai machinalement une mèche de mes cheveux autour de mon doigt tremblant. Âgée de seulement onze ans, je comprenais à peine ce que l'avocat disait. Ce n'était pas comme si j'y prêtais attention. L'idée de quitter ma famille adoptive me terrifiait. J'avais déjà été séparée de ma famille une fois. Cela ne pouvait tout de même pas se produire de nouveau!

Quelques moments plus tard, le juge se leva afin d'annoncer son verdict.

"Après avoir examiné de façon attentive les preuves et les arguments présentés, j'ai décidé de confier la garde d'Iris Brown... À Erel Brown."

Je sentis mon monde se mettre à tourner. "Non. Ce n'est pas possible. Tout mais pas ça."

Je posai un regard tremblant sur le juge et saisis alors l'ampleur de la trahison.

Erel l'avait payé. Il avait corrompu la justice en utilisant ses ressources presque infinies.

S'en était trop. Dans un sursaut de rage, je m'écriai à son intention : 

"Comment as-tu pu! Tu devrais avoir honte!"

Mes paroles semblèrent n'avoir aucun effet sur lui. Il s'avança lentement vers moi, une lueur triomphale dans les yeux.

"Allons, Iris. Ne fait pas de scène et viens avec moi. Maintenant" 

Sa voix était douce, mais ses paroles trahissaient une colère glaciale.

Je jetai un dernier regard vers ma famille adoptive qui avait pris soin de moi pendant les six dernières années. Erel ne me laissa même pas le temps de leur dire adieu. D'un geste brusque, il me tira par le poignet, m'entraînant avec lui.

"Tu as payé le juge... Je le sais!" m'indignai-je avec fureur.

Je retenais avec peine les larmes qui menaçait de couler. 

"Et alors? Au final, c'est moi qui ai gagné ce procès. Seul le résultat importe, tu comprendras peut-être un jour".

Il me conduisit vers sa voiture, un modèle de luxe. L'engin d'un rouge criard brillait de propreté. Cela ne fit que me dégouter davantage.

"Laisse-moi au moins leur dire au revoir!" suppliai-je.

J'avais horreur de m'abaisser à l'implorer ainsi, mais je ne pouvais me faire à l'idée de me départir de ma famille adoptive d'une manière aussi brutale.

"Oublie-les, ce sera mieux" répondit froidement Erel.

"S'il te plaît, je veux juste les voir une dernière fois!" ma voix se brisa sur ces derniers mots.

"Iris, au cas où tu ne l'aurais pas encore compris, ce ne sont plus ta famille. Ta famille, maintenant, c'est moi et ta grande sœur. Alors je te prierais de cesser de te comporter comme une enfant et d'accepter la réalité telle qu'elle l'est".

Je détournai mon regard vers la fenêtre, pas pour regarder le paysage, mais pour cacher mes larmes de désespoir.

Il ne comprenait rien. Ne comprendrait jamais.

Alors que la voiture se dirigeait vers le manoir, je me recroquevillai sur mon siège, me sentant plus seule que jamais.


La vérité qui détruitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant