La vérité qui détruit

Chapitre 11

Lorsque la porte se ferme, je ne peux m'empêcher de lâcher un soupir de soulagement.

—Tu as bien joué ton rôle, admet Erel. Mais ne pense pas pour autant que ce genre de visite deviendra une habitude.

—Je sais, je réponds avec amertume. Je... Il y avait quelque chose dont je devais te parler.

Ma colère envers lui avait momentanément effacé mon besoin de découvrir si c'était lui qui avait tué Mme Ivery. Il arque un sourcil, m'encourageant à poursuivre. Je me concentre sur ses yeux glacés pendant quelques secondes et ses habituels méfaits me reviennent en tête.

Évasion fiscale, chantage, utilisation d'informations confidentielles pour acheter la compagnie C'estPrêt, ÉcoÉnergiePlus, AlerteSécure etc...

La liste est longue, mais pas de meurtre, fiou. Cependant, comme à chaque fois que j'utilise mon don sur lui, une violente migraine m'assaille, suivie d'étourdissement. J'ai toujours pensé que c'était dû au taux anormalement élevé de mal qu'il y avait en lui. Je dois m'appuyer sur le mur, sentant le sol tanguer étrangement sous mes pieds.

—Tout va bien? interroge-t-il, une pointe d'ennui perceptible dans sa voix.

—Oui, c'est juste la fatigue.

—De quoi souhaitais-tu me parler?

—Rien d'important, laisse tomber.

Un silence tendu s'installe.

—Tu sais que je n'aime pas les mensonges, Iris.

Mon sang se glace.

—Je... Je ne vois pas de quoi tu parles, je balbutie.

Erel se met à rire, un rire sans joie qui porte un mauvais présage.

—Ne me prends pas pour un imbécile, je sais très bien que tu as pris le bus pour aller au commissariat de police.

Mes yeux s'écarquillent sous le coup de la surprise et de la terreur.

—Comment le sais-tu?

—Tu devrais savoir que j'ai des yeux et des oreilles partout, répond-il avec une satisfaction cruelle en voyant l'effet qu'ont ses paroles sur moi.

Il faut que je reprenne mon sang-froid, je ne peux pas me permettre de montrer la moindre peur devant lui.

—Eh bien, il est vrai que je suis allée voir le policier qui t'as parlé hier. La raison de ma visite, cependant, ne te concerne nullement.

Ses yeux lancent des éclairs, je me détourne en m'apprêtant à tourner les talons, mais il me retient par le bras.

—Qu'est-ce que tu fais? Lâche-moi! je m'exclame en tentant vainement de me dégager.

—Fais attention, Iris, murmure-t-il d'une voix basse et menaçante. Certaines choses ne devraient pas être découvertes.

Sur-ces sombres paroles chargées de menace, il lâche enfin mon bras. Je monte les escaliers jusqu'à ma chambre en m'efforçant d'adopter une démarche calme, alors qu'à l'intérieur, des milliers de questions se bousculent dans ma tête.