Chapitre 35

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Sous le coup de l'adrénaline, mon premier réflexe est de me précipiter sur la porte et de la refermer. Des coups furieux se font entendre, cette mesure de défense ne tiendra pas longtemps. La détonation résonne encore dans ma tête alors que je me précipite vers mon père adoptif. Ce dernier, allongé sur le sol, est livide. Je m'agenouille à ses côtés pour constater les dégâts : une tâche sombre se forme rapidement sur sa poitrine.

—Non, non, non...., je balbutie.

Marie, sous le choc, m'observe, le regard vide.  Sam porte une main tremblante à sa blessure. 

—Iris..., articule-t-il difficilement. Je... suis... désolé... 

Ses yeux se ferment et il lâche son dernier souffle. Au même moment, la porte d'entrée s'ouvre avec violence, deux hommes armés pénètrent dans la maison. Ma mère adoptive pousse un cri d'horreur, je n'ai même pas le temps de me relever que le plus grand des deux se précipite sur moi et m'empoigne brusquement. Je me débats, lui envoyant coups de pieds et de poings. Son acolyte lève son arme et la pointe sur Marie, je parviens finalement à me dégager et à sauter sur l'homme. 

Une nouvelle détonation retentit et j'entends ma mère adoptive hurler. Non! Pas elle aussi!

Paf! Il me frappe violemment à la tête, je suis projetée sur le sol avec un bruit sourd. Il s'apprête à me gifler de nouveau, mais il s'effondre tout d'un coup, assommé par...  Marie tenant un vase dans ses mains.  Je m'empare de son arme et la pointe sur son collègue.

—Lâchez votre arme, dis-je, le souffle court. Ou je n'hésiterai pas à  tirer.

Un rictus se dessine sur le visage du tueur à gages

—Arrête de jouer et suis-moi sans faire d'histoires...

Il fait un pas dans ma direction, je pointe le pistolet sur sa tête. 

—N'avancez pas! je répète, ma voix tremblante. 

—Si tu acceptes de venir avec moi, je te promets que je la laisserai en vie, dit-il en changeant de tactique, désignant Marie du doigt.

—Mon père m'avait fait une promesse similaire, et pourtant Sam git sur le sol. Alors je vais vous le répéter une dernière fois : foutez le camp!

Mon ton, tranchant et ferme, dégage une confiance que je ne ressens pas.

Malgré tout, lentement, il se détourne. Je m'apprête à pousser un soupir de soulagement, lorsqu'il fait subitement volte-face, son arme braquée sur ma mère adoptive. Il va tirer, c'est certain. Je suis saisis d'un frisson de désespoir et de rage. Ensuite, tout se passe si vite. Sans penser, sans réfléchir, j'appuie sur la détente. Bam! 

Il s'écroule sur le sol, mort. 

Un silence lourd s'abat sur la pièce.

Je reste quelques instants sous le choc, le pistolet entre mes mains tremblantes. Puis, la vérité s'impose, cruelle et fatale : J'ai tué un homme. 

Sans penser, sans réfléchir, mais surtout, sans hésiter. J'échappe l'arme léthale, horrifiée. Mes jambes tremblent tant que je dois m'appuyer sur le mur pour ne pas tomber. 

—Iris! s'exclame Marie en se précipitant vers moi.

Je me force à lever la tête, pour ne pas regarder les cadavres qui jonchent le sol. Malheureusement, leur image semble imprimée dans ma rétine. J'en ai la nausée. 

Non, j'ai fait ce qu'il fallait, j'ai sauvé Marie. Et pourtant, la culpabilité me ronge de l'intérieur.

—Es-tu blessée? j'interroge, la gorge sèche. Quand je t'ai entendue crier tantôt, j'ai cru qu'ils t'avaient eue aussi.

Je m'efforce de concentrer mon attention sur elle et non sur les atrocités venant de se produire.

—C'est que j'avais peur pour toi! Regarde ta jambe, tu saignes beaucoup trop!

Je baisse les yeux et constate qu'une balle s'est logée en dessous de mon genoux droit. Avec le stress et l'adrénaline, je n'ai rien senti. Je grimace, il ne s'agit pas d'une blessure bénigne et la douleur commence à se propager.

—Il faut aller à l'hôpital, j'appelle la police tout de suite! s'exclame ma mère adoptive. 

—Surtout pas! Ne t'inquiète pas pour moi, il faut que tu ailles chercher Avery, vous devez quitter le pays. N'appelle pas la police, ils ne seront d'aucune aide.

—Oh, c'est horrible, sanglote Marie. Qu'est-ce qui nous arrive?

Des larmes roulent lentement sur ses joues.

—Fuis avec Avery, je répète, tentant de rester forte. Tu dois le faire si tu veux la garder en sécurité. Promets-le moi.

—C'est promis. J'aurais dû t'écouter, Iris... C'est terrible... Viens, allons chercher ta petite sœur, tu as raison : elle est peut-être en danger. 

—Je ne pars pas avec vous.

—C'est hors de question! Je ne te laisserai pas ici te débrouiller toute seule après ce qui vient d'arriver!

La proposition est tentante, mais je sais que je les mettrais en danger en les accompagnant. Je pousse un soupir résigné.

—Adieu, Marie.

Je me détourne et sors de la maison. Elle m'appelle, alors j'accélère le pas et cours, malgré ma jambe blessée.


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