Lorsque je pousse la porte d'entrée, ma sœur lève vers moi des yeux surpris.
—Déjà rentrée? Je pensais que tu serais partie toute la journée.
Elle semble à la fois déçue et satisfaite de me retour.
—Où est Erel? j'interroge sans préambule.
—Pourquoi est-ce que tu ne l'appelles pas tout simplement papa? J'ai toujours trouvé cela étrange lorsque tu l'appelles par son nom.
—Tu sais très bien pourquoi il n'est pas un "père" pour moi. Allez, Mélissa, dis-moi simplement où il est.
—Tout ce qu'il m'a dit c'est qu'il revenait ce soir pour le souper.
—Ah. Dommage, je soupire.
—Tu trouves ça dommage? Ce n'est pas ton genre. Je pensais que tu le détestais.
Les yeux de ma sœur, d'ordinaire rivés sur son cellulaire, me fixent avec une curiosité malsaine.
—Et tu peux continuer à penser ainsi.
—Alors pourquoi veux-tu aller lui parler? Normalement, tu l'évites, observe-t-elle.
Je me dandine légèrement sur mes pieds, ne sachant que répondre.
—Disons simplement que j'ai quelque chose à vérifier... Rien qui ne te concerne.
—Hm. Tu as reçu ceci par la poste, aujourd'hui.
Elle attrape une lettre sur la table et me la jette négligemment.
—Mais qui m'envoit...
Mon cœur se serre en reconnaissant l'adresse de mon ancienne famille. Ils ne m'ont pas écrit depuis le procès, je n'ai pas pu les contacter non plus. Cela fait six ans que je suis sans nouvelle d'eux.
—C'est la première fois en six ans, je murmure, plus à moi-même.
Ma sœur reste silencieuse un instant, l'air hésitante. Puis, elle lâche :
—Ce n'est pas tout à fait vrai.
—Qu'est-ce que tu veux dire?
—Ce n'est pas la première fois qu'ils t'écrivent, Iris.
—Mais... Je... Quoi..., je balbutie, confuse.
—Papa jette les lettres qu'ils t'envoient à la poubelle. Je pensais que tu le savais.
—Mais non! je m'exclame, indignée. Pourquoi ferait-il une chose pareille!?
Mélissa hausse les épaules.
—Tu sais comment il est parfois...
Je secoue la tête dans un mélange de frustration et de déception. De déception envers moi-même, pour avoir cru que mon ancienne famille m'avait oubliée.
—Oublies-les, dit Mélissa. Ça vaut mieux.
—Tu ne peux pas comprendre.
—Il n'y a rien à comprendre. Tu es avec nous, maintenant. Oui, papa a ses défauts, mais, au fond, il nous aime... à sa manière.
Elle semble presque convaincue par ses paroles, mais je n'en crois pas un mot. L'idée qu'Erel puisse éprouver de l'affection envers une autre personne que lui-même me semble absurde. Je ressens une vague de compassion pour ma sœur qui a souffert sous son toît pendant toutes ces années.
Je monte dans ma chambre et saisis mon téléphone pour texter Catalina. J'ai besoin d'elle plus que jamais. Je ne me sens pas capable d'ouvrir la lettre que j'ai reçu maintenant, je la pose sur mon bureau.
Moi : Salut, es-tu libre pour parler?
J'attends à peine quelques minutes avant sa réponse.
Catalina : Oui, on se voit au café en bas de la rue?
Moi : Ok, à tantôt
Cela me permettra de me détendre un peu et de repousser le moment où je devrai confronter Erel.
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La vérité qui détruit
Science FictionIris est une adolescente possédant un pouvoir très spéciale, qu'elle porte comme un fardeau. Plusieurs l'envient d'être la fille de l'homme le plus riche de la ville, mais personne ne soupçonne la cruauté de ce dernier. Lorsqu'un meurtre survient, I...