La vérité qui détruit

Chapitre 22

J'ouvre lentement les yeux, tandis que les événements récents affluent à ma mémoire. Je me sens si seule, triste et désemparée. J'avais eu l'espoir que je pourrais l'emporter sur Erel, mais je n'ai jamais eu aucune chance. Il a toujours eu un pas d'avance sur moi.

Je pousse un grognement en plaçant ma main devant mes yeux, les lumières de la pièce semblant si vives que j'en ai la migraine. Il faut que je fuis cette endroit avant qu'Erel ne s'aperçoive de mon réveil. Pourrais-je appeler la police? J'y réfléchis un instant, mais non. Les forces de la loi n'ont jamais été de mon côté. Je suis seule, je ne peux pas rejoindre ma famille adoptive sans risquer de les mettre en danger. 

Un coup d'œil sur la fenêtre ouverte du salon m'indique qu'il doit être aux alentours de sept heures, le soleil se couche.

—Ah, c'est pas trop tôt, commente ma sœur en entrant dans la pièce.

C'est probablement la première fois de ma vie où je suis heureuse de la voir. Je me lève péniblement du sofa, encore un peu engourdie par le poison.

—Mélissa, je... Il faut que tu m'aides!

Celle-ci fronce légèrement les sourcils en remarquant mon état de détresse, sans toutefois cesser de me sourire avec moquerie.

—Qu'est-ce qu'il y a encore? Mademoiselle Iris est malade? Tu veux que j'aille te chercher une couverture? Ou une tasse de thé chaude, tant qu'à y être?

—Non, non, ce n'est pas ça, tu dois m'écouter! je m'exclame à toute vitesse. J'ai... J'ai découvert quelque chose que je n'aurais pas dû découvrir! Je pense qu'Erel m'a empoisonnée, c'est de sa faute si je faisais tant de fièvre ce matin! Et tantôt, il a... 

—Tais-toi, coupe-t-elle dans un souffle.

Le ton furieux et horrifié de ma sœur me prend de court, elle qui est d'ordinaire détachée de tout.

—Tu vas nous attirer des ennuis à toutes les deux si tu continues de parler. Je ne veux PAS savoir ce qui t'es arrivée et ce que papa t'as fait. C'est ton problème et, ici, c'est chacun pour soi.

Estomaquée par ses paroles, je suis incapable de répondre quoique ce soit. Mélissa se détourne, son choix est clair. Elle aura choisi le camp le plus facile, celui de mon père. Je ne peux lui en vouloir, mais une partie de moi souhaite qu'il en ait été autrement. 

Bon, c'est officiel, je suis seule dans ma bataille. 

Ma grande sœur s'arrête dans l'embrasure de la porte.

—Fait attention à toi, Iris, dit-elle sans se retourner. 

Puis, elle quitte la pièce.