Chapitre 9

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Il est passé 19h lorsque je passe la porte du manoir. Je redoute le moment fatidique où je devrai confronter Erel, mais je sais que je n'ai pas le choix.

Ma sœur et mon père sont déjà en train de manger alors que je m'assois à table. La salle à manger est un endroit grand, trop grand pour une famille de trois personne. Un énorme lustre pend du plafond, projetant des éclats de lumière partout dans la pièce. La chaleur provenant des flames dansants dans le foyer ne parvient pas à me réconforter.

—Bonjour, Iris. Tu as passé une bonne journée? interroge Erel avec un intérêt feint.

—Oui, je mens en évitant son regard.

Je hais cette façon qu'il a de me fixer comme s'il voyait à travers moi au plus profond de mon âme. J'ai parfois l'impression qu'il peut me lire comme un livre ouvert.

—J'ai trouvé quelque chose d'intéressant aujourd'hui, déclare-t-il avec un sourire ne présageant rien de bon.

Ma fourchette râcle furieusement le fond de mon assiette, mais je ne mange rien.

—Les domestiques faisaient le ménage dans ta chambre aujourd'hui. Ils ont trouvé... Ceci.

Erel fait nonchalamment glisser sur la table la lettre que j'ai reçu aujourd'hui. Mes poings se serrent légèrement, mais je ne laisse rien paraître.

—Rend-la moi, dis-je avec tout le calme que je peux rassembler.

J'avance ma main pour agripper l'enveloppe, mais mon père la retire juste à temps, un sourire narquois flottant sur ses lèvres.

—Pourquoi? Ne me dis pas que tu es encore attachée à ces... Personnes.

Il éclate de rire, un rire qui me glace le sang. Mélissa rit aussi, mais je sais que c'est par nervosité.

—Tu as caché les autres lettres qu'ils m'ont envoyée.

—En effet. Je te rends un service, tu sais? Il est plus que temps que tu passe à autre chose. Ils te rendent faible.

Puis, il lance l'enveloppe dans le foyer. Les flames consument aussitôt le papier et mes espoirs de renouer avec mon ancienne famille. S'en est trop. Je me lève d'un bond, tremblante de rage. Ma sœur semble soudainement extrêmement concentrée sur son morceau de steak.

—Pourquoi? je m'exclame, mes traits déformés par la colère et la douleur. Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu me détestes autant?

Erel se lève à son tour, il me dépasse d'au moins deux têtes, mais je ne me laisse pas intimider.

—Je ne te déteste pas, Iris, finit-il par dire avec un calme glacial. Je t'aide simplement à ne pas rester attachée au passé. 

—Tu m'aides!? je m'esclaffe, furieuse. Tu M'AIDES!? TU M'AS BRISÉE, EREL! C'EST TOUT CE QUE TU AS FAIT, BORDEL!

Je me tais, consciente que j'ai franchi une ligne invisible. Erel s'avance vers moi, lentement, ses pas résonnants sur le parquet fraîchement ciré. Il semble totalement calme, mais je sais que ce n'est pas ce qu'il ressent. Il s'arrête à ma hauteur et je recule instinctivement.

—Ta haine est mal dirigée, Iris, dit-il d'une voix basse et menaçante. Tu devrais faire plus attention. 

Au même moment, des coups sont frappés à la porte principal. Mélissa en profite pour s'éclipser de la salle, mais je l'entends ensuite crier : 

—Iris! Tu devrais venir!

Surprise, je la rejoins pour trouver ma famille d'accueuil sur le seuil de la porte.

Oh non, pas maintenant!

La vérité qui détruitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant