Chapitre 11

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André


Assis dans mon siège depuis maintenant deux heures, dans cet endroit de fête et de chansons, je dois me faire une raison.

Je ne reverrai pas mon Phénix ce soir...

Je suis venu comme elle m'a dit, un samedi soir, mais soit elle m'a menti soit elle a posé un congé. Toujours est-il que je suis là, tout seul dans un bar, à attendre une jolie brune aux yeux émeraudes, qui brille par son absence.

Les autres spectacles sont bien, et les autres danseuses sont magnifiques... En temps normal je me serai même probablement déjà éclipsé avec une serveuse, pour qu'on s'amuse ensemble. N'importe laquelle m'aurait convenue, elles sont toutes magnifiques... Mais aucune n'a ce côté extraordinaire que possède ma chère Phénix.

Elle n'est pas une de ces inconnues avec qui j'ai envie de m'amuser, pour ensuite oublier jusqu'à son nom et son visage, avant de passer à la suivante.

Elle dégage quelque chose d'unique, d'inimitable. Et puis elle possède une telle fougue, un tel feu intérieur... Le surnom de phénix lui correspond parfaitement.

J'avale un nouveau verre de whisky, triste de mon échec. Ce soir, je souhaite vraiment la voir...

J'avais envie qu'on discute de l'autre nuit, j'aimerais savoir pourquoi est-ce qu'elle voulait ma clé. Savait-elle que cet objet était infiniment précieux ? Où était-ce juste une coïncidence ?

D'habitude, je ne crois pas aux coïncidences. J'aime penser que tout arrive pour une raison... Seulement cette fois, je l'ai cru quand elle m'a dit ne pas chercher à se faire de l'argent.

Et en y réfléchissant c'est logique, une chanteuse et danseuse dans un cabaret aussi prestigieux gagne largement de quoi vivre. Elle n'a pas besoin de voler les autres...

Alors pourquoi cette clé ? Pourquoi aller jusqu'à se forcer à passer la soirée avec quelqu'un, juste pour lui dérober une stupide clé ?

Alors que j'essaie de réfléchir, l'alcool que j'avale en même temps ralenti mes pensées, et les fait dériver vers tout autre chose... A savoir, cette chère Red Feather.

Je me demande maintenant quelle est l'odeur de ses cheveux, et si sa peau est aussi douce qu'il n'y paraît...

Cette fille m'a envoûté, je ne vois que ça...

J'avale encore et encore les verres qu'on me serre, la musique me fait mal au crâne mais je reste, espérant perpétuellement l'apercevoir, la voir monter sur scène et faire résonner sa si belle voix...

Oh oui, sa voix... Cela aussi, c'est quelque chose. Elle a la voix d'un ange, douce et puissante, avec du caractère... Tout simplement parfaite.

La musique qu'elle a chanté ce soir-là ne quitte pas ma tête. J'ai l'impression qu'en répétant perpétuellement la mélodie, je garde une partie d'elle avec moi...

J'ai tellement envie de la revoir, pour qu'on discute à nouveau ensemble mais pas pour qu'elle puisse me manipuler, simplement parce qu'elle en aurait envie...

C'est officiel, cette fille va causer ma perte.

Soudain, un jeune garçon déboule à mes côtés. Je le reconnais, c'est Billie, un de mes messagers personnels. C'était un enfant des rues, mais je l'ai recruté pour qu'il fasse passer les messages à travers mes hommes. Il est rapide, discret et diablement efficace. Il se plante devant moi et m'informe :

-Boss, Monsieur Louis m'a demandé de vous prévenir que L'extinction des Phénix a encore frappé ce soir. Apparemment, ils auraient débarqué dans un petit café réputé de la population noire, pour descendre tous les clients et serveurs, un vrai massacre.

-Merci Billie, tu peux y aller. je soupire, en le congédiant.

En voilà une nouvelle... L'extinction des phénix refait des siennes ! Ce gang de vauriens commence sérieusement à me taper sur les systèmes, leurs actes barbares vont à l'encontre des lois que j'ai créées. Non de non, c'est moi qui dirige la pègre de cette ville !

Il est hors de question que je laisse ces misérables salir mon image...

Je reprends mon esprit en descendant un grand verre d'eau, puis quitte tristement le cabaret. Il est clair qu'elle ne viendra plus maintenant...

Tout en rejoignant Louis dans mon domaine, je réfléchis à un plan. Petit à petit, une idée se forge dans mon esprit...

Il est temps pour moi de reprendre le contrôle des démons de cette ville.

Et pour ça, quoi de mieux que la vengeance ?

Une fois chez moi, je rejoins Louis et l'informe avec un sourire cruel :

-Ce soir, nous allons faire passer un message mon ami. L'extinction des phénix a assez joué avec mes nerfs, il est temps de riposter.

Je l'informe alors de mon plan : ce soir, nous allons brûler un de leur précieux entrepôt.

Ils veulent voir les phénix morts ? Quelle erreur... Car ils vont vite avoir besoin de renaître de leur cendre, eux aussi ! 

La Pickpocket du Moulin RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant