Chapitre 38

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Amélie


Après avoir conclu un échange téléphonique avec André, je saisis mon sac à main avec hâte, quittant mon domicile en verrouillant la porte derrière moi.

Je me mets en route vers ce café qui est si populaire ces derniers temps, impatiente de découvrir son ambiance chaleureuse.

Une fois arrivée, je sollicite une table et m'y installe, le cœur battant d'une douce anticipation. Les minutes s'égrènent lentement, et je me surprends à espérer qu'André ne tarde pas trop...

Finalement, il fait son apparition, arborant un sourire timide qui éclaire son visage. À cet instant, comme par enchantement, je lui répondis par un sourire franc, authentique, un rare éclat sur mon visage habituellement impassible.

- Bonjour André ! Installe-toi, dis-je en présentant la chaise devant la mienne.

- Bonjour, Amélie, me répond-il en s'exécutant. Tu... Hum... Tu vas bien ?

- Oui, et toi ? répondis-je en le regardant dans les yeux.

- Bien, si ce n'est que je...

Il soupire en se passant une main sur le visage, avant de continuer :

- Bon, écoute Amélie, je m'en veux énormément pour ce que j'ai fait, et je comprendrais que tu m'en veuilles également...

- Je m'en doutais un peu au téléphone... Mais peux-tu me dire ce qui t'est passé par la tête pour me fuir ainsi ? je demande.

- Je ne souhaitais pas te fuir ! C'est juste que j'ai paniqué en réalisant ce que j'avais fait la veille, et je n'avais pas le courage de te confronter... rit-il amèrement.

Alors que j'allais répondre, un serveur vient vers nous, et prend gentiment notre commande. Une fois qu'il est parti, je reprends notre discussion avec une pointe d'humour :

- Je fais si peur que ça ?

- Bien sûr que non ! Quoi que parfois, ton sens de la réplique peut être tout à fait redoutable ! rit-il, cette fois avec sincérité.

Puis il m'avoue en évitant mon regard :

- Pour être tout à fait honnête, j'ai des difficultés à vivre avec mes émotions. Pour te dire, lorsque j'étais enfant, ma mère m'a jeté dehors, à mes 8 ans. J'ai dû apprendre à me débrouiller seul pour survivre, et une chose entraînant une autre, j'ai fini par me créer une espèce de masque. Normalement, je le mets dès le réveil et ne l'enlève que quelques instants dans la journée ; c'est un masque de froideur, qui m'aide à garder un certain contrôle sur mes émotions. Je les ravale, jusqu'à ce qu'elles disparaissent... Mais la vérité, c'est qu'elles ne disparaissent jamais réellement, elles restent là dans un coin de ma tête. Et quand elles ressortent, c'est violent, Mel... Sauf qu'avec toi, je suis incapable de garder ce masque ! Tu détruis mes barrières les unes après les autres sans même le vouloir. C'est cela qui m'effraie.

- Je ne sais vraiment pas quoi dire, André, je suis perdue par cette déclaration... je réponds avec sincérité.

- Tu peux simplement me parler de toi, propose-t-il.

- Oh... Alors... Quand j'étais petite, mes parents m'ont abandonnée avec mon frère. Nous sommes allés vivre chez notre tante, sauf que cette dernière était assez violente, et surtout, elle était très attachée aux jeux d'argent. Son addiction nous a lentement rendu extrêmement pauvres, alors dès mon plus jeune âge, j'ai commencé à travailler. Travailler encore et encore, pour nous offrir quelques miettes de pain... Puis, je suis partie de chez ma tante, et j'ai commencé à travailler au Moulin Rouge, je raconte.

La Pickpocket du Moulin RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant