Chapitre 33

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Amélie



Après notre étreinte, une vague de bonheur m'envahit alors que je me précipite vers ma chambre pour saisir mon sac. À mon retour, je croise le regard d'André, arborant un sourire énigmatique dont l'origine m'échappe.

- Étant donné que tu m'as aidé à retrouver mon travail, je t'autorise à m'accompagner au Moulin Rouge, dis-je avec un grand sourire en le prenant par la main et en me dirigeant vers la sortie.

André semble accueillir avec plaisir l'idée de m'accompagner jusqu'au cabaret, et cette perspective emplit mon cœur d'une joie incommensurable. Je verrouille la porte de mon domicile, puis nous nous lançons dans mon parcours habituel, sa main serrée dans la mienne. Je redoutais initialement que ce contact me trouble, mais contre toute attente, je découvre que cette intimité n'est pas si dérangeante. Alors que nous arrivons devant les loges, André marque un temps d'arrêt, juste avant de franchir le seuil.

- Que se passe-t-il ? demande-je.

- Amélie, je ne peux pas rentrer, répond-il.

- Et pourquoi donc ?

- Parce que tes amies sont nues là-dedans, et je ne veux pas les déranger, déclare-t-il.

- Oh... tu n'as qu'à fermer les yeux, je vais te guider, je lui indique.

Sans plus de cérémonie, il ferme les paupières et plonge dans l'obscurité de ses pensées tandis que j'ouvre la porte avec légèreté. Mes amies, comme des complices malicieuses, m'accueillent d'un murmure chaleureux, leurs rires cristallins éclatant dans l'air comme une mélodie enjouée, alors que je guide André vers ma loge personnelle.

Une fois que nous sommes installés dans ce cocon d'intimité, je dépose mon sac, puis. Puis avec un mélange d'excitation et de concentration, je lâche doucement la main d'André pour me dévêtir. Quelque part dans mon esprit, je l'imaginais se délecter de ce moment, mais à ma grande surprise dès qu'il aperçoit le début de ma transformation, il ferme les yeux avec une pudeur inattendue.

Il reste ainsi, les paupières scellées, jusqu'à ce que je termine de me dépouiller des couches de tissu. Une fois que je me suis glissée dans ma tenue, je m'éloigne vers le miroir pour peaufiner mon maquillage, sous le regard attentif d'André, qui, adossé contre la commode, veille comme un garde silencieux.

Lorsque ma métamorphose est complète et que je couronne le tout d'un chapeau élégant, la voix familière de ma meilleure amie s'élève pour me dire que mon show va débuter, me tirant de ma propre contemplation.

- Allez, va retrouver ta place habituelle et profite du spectacle, dis-je à André en le poussant presque vers la porte.

Sans plus tarder, je laisse donc André prendre place à sa table, tandis que je m'installe, me préparant à faire vibrer l'instant. À la seconde où les premières notes résonnent dans l'air, je fais mon entrée sur scène, le cœur battant d'adrénaline. Je plisse les yeux et, parmi la foule, je repère rapidement André. Un clin d'œil complice, comme une signature, éclaire mon visage avant que je ne me plonge dans la danse et le chant, emportant avec moi les âmes présentes.

Lorsque résonnent les derniers accords de ma performance, je retourne à ma loge, le corps alourdi par la fatigue, mais l'esprit toujours enivré par l'adrénaline. Décidée à jongler avec la passion et l'effort, je choisis de revêtir les habits d'une serveuse, prête à affronter une nouvelle facette de la soirée. C'est à cet instant qu'André fait son apparition dans ma loge, apportant ainsi une douce surprise au milieu du tourbillon de ma routine.

- Est-ce que tout va bien ? demande-t-il.

- Non, je suis épuisée et je dois encore être serveuse, mais je ne trouve pas ma tenue, je déclare.

- Attends, je vais t'aider, dit André.

Sans tarder, nous nous lançons à la recherche de cette tenue tant convoitée. Après de longues minutes de quête, notre persévérance est enfin récompensée, et je peux tenir le précieux habit entre mes mains. À cet instant, je m'apprête à me dévêtir, tandis qu'André, toujours pudique, se détourne et ferme les yeux. Cependant, la fermeture éclair, obstinée, se refuse à céder. Dans un soupir de désespoir, je fais appel à mon ami pour qu'il vienne à mon secours. Bien qu'il reste les yeux clos, il s'efforce de m'aider, mais ses efforts se heurtent à une impasse.

- Ouvre les yeux, André, ça ne me dérange pas, déclarai-je.

Il prête une oreille attentive à mes paroles, ses prunelles s'illuminant de curiosité. Le miroir qui nous fait face révèle alors un spectacle cocasse : son visage teinté d'un rouge éclatant trahit une émotion inédite. Cette découverte me fait éclater de rire, emplissant l'air d'une douce légèreté.

La Pickpocket du Moulin RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant