André, une heure plus tôt
Je me réveille en sursaut, et plaque immédiatement une main sur mon front, en grimaçant. Bon sang, j'ai horriblement mal à la tête !
J'observe mon environnement, momentanément désorienté. Puis je retrouve la bouteille d'alcool que j'ai descendue avec le frère d'Amélie hier soir, sur la table. La couverture toute douce que m'a offerte Amélie hier soir pour que je n'ai pas froid. Son petit canapé rouge. Ses photos d'elle avec son frère.
Son odeur, absolument partout, même sur moi...
Machinalement, je touche mes lèvres et immédiatement les souvenirs de la veille me reviennent comme un coup de poing dans la figure.
J'ai... J'ai embrassé Amélie...
J'ai embrassé Amélie...
Je l'ai embrassé en étant totalement bourré, sans attendre son consentement comme je le fais toujours d'habitude.
Je l'ai embrassé, et elle m'a repoussé. Enfin, pas vraiment, mais elle s'est éloignée de moi et a mis fin à notre moment.
Elle n'a pas aimé. C'est sûr. Elle ne me voit que comme un ami.
Putain André, elle ne te voit que comme un putain d'ami ! Qu'est-ce qui cloche chez toi ?! Pourquoi tu ne peux pas te contenter de son amitié ?!
Tu n'avais pas le droit de l'embrasser, bordel !
Je m'assois sur le canapé, ma respiration devenant de plus en plus rapide.
L'euphorie de ce baiser, la tristesse et la peine que m'inspire notre relation, la colère contre moi-même pour avoir ainsi dérapé... Tout ce mélange pour former une boule d'angoisse qui vient se loger dans ma gorge.
Je serre les poings, quitte à enfoncer mes ongles dans mes paumes, et ne comprends pas pourquoi mon rythme cardiaque augmente autant.
Tout se mélange, mes émotions sont trop fortes, bien trop intenses...
Je me lève en titubant, et sort du salon puis de la maison alors que mes mains tremblent frénétiquement.
Non non non, tout va bien, arrête de paniquer...
Je m'adosse contre la porte, et tient ma tête entre mes mains, totalement effrayé par ce que je ressens. Je crois que je n'ai jamais ressenti ça de ma vie, qu'est-ce qu'il m'arrive ?!
Mes émotions ont été sous contrôle une très grande partie de mon existence. C'est ainsi que je garde les pieds sur terre, que je suis capable de contrôler ce qui m'arrive, que je sais comment réagir...
J'ai traîné ce contrôle émotionnel partout avec moi depuis que Le Parrain me l'a inculqué, même lors de la Guerre j'ai réussi à le garder...
J'ai été un des seuls de mon régiment à ressortir sans grosse blessure de la Guerre de 14-18. Que ce soit mentale ou physique...
J'ai gardé tous mes membres, ainsi que ma santé mentale. Je tenais en effaçant toutes mes émotions, pour être le plus efficace possible lors des combats.
La Guerre était terrifiante, si on est rationnel, elle l'était même bien plus que ce que je vis à présent. Et j'entends encore, parfois le soir, le bruit des bombes qui explosent ou des cris de souffrances qui percent le silence...
Oui, la Guerre était horrible.
Mais j'y suis allé avec ce « cadeau » que m'avait fait Le Parrain, avec cette capacité de ravaler mes émotions pour ne jamais être impacté par ce qu'il se passait. Cela m'a sauvé la vie...
VOUS LISEZ
La Pickpocket du Moulin Rouge
RomansaBonsoir chers spectateurs... Vous êtes venus pour vous rafraîchir le gosier tout en profitant d'un spectacle de haut niveau, pleins de paillettes, de couleurs et de lumières ? Vous avez frappez a la bonne porte ! Ce soir nous vous présentons un sho...