La Pickpocket du Moulin Rouge

Chapitre 27

André

Je sifflote un air que j'ai entendu hier soir, au Moulin Rouge, en souriant malgré moi.

Ce matin, j'ai décidé de libérer ma matinée. Et peut être que ça a un léger lien avec la fuite soudaine d'Amélie hier soir...

Je pensais qu'on passerait la soirée ensemble, mais elle est partie juste après son show, et nous avons à peine eu le temps de discuter. J'ai eu l'impression d'être restée sur ma faim, de ne pas avoir eu ma dose d'Amélie...

Je n'ai jamais touché à la drogue. J'en ai vendu des kilos mais je n'en ai jamais consommé... Mais je crois qu'aujourd'hui, je suis addict à Amélie. C'est elle, ma drogue.

J'ai besoin de la voir tous les jours, de sentir son odeur, de toucher sa peau... Je ne me contente pas d'en avoir envie, j'en ai besoin.

C'est vitale, comme respirer... Elle m'est tout simplement vitale.

Je m'avance donc dans les rues de son quartier, les mains enfoncés dans les poches de mon pantalon. Aujourd'hui, j'ai enfilé un pantalon chino noir, avec un pull en laine aux mailles épaisses, souligné d'un col camionneur.

J'ai choisi cette tenue pour qu'elle soit décontractée mais pas trop inélégante non plus. Je crois qu'une petite partie de moi espère qu'Amélie finisse par me trouver attirant, si je trouve le bon ensemble à mettre.

Bon sang, je suis tombé bien bas pour cette femme...

Je souris en secouant la tête à cette idée, avant de réaliser que je suis déjà arrivé devant la maison de Amélie. J'avais secrètement espéré qu'elle se trouve dans le jardin, ce qui m'aurait permis d'engager naturellement la conversation, mais visiblement je vais devoir aller sonner...

J'approche de la porte, et alors que j'allais y cogner mon poing, elle s'ouvre en grand sur mon cher Phénix.

Habillée de bottines aux talons aiguilles et d'une jupe courte avec un joli manteau et un chapeau en feutre, ses grands yeux verts m'observent avec surprise. Elle m'interroge alors :

- André ? Mais que fais-tu là ?

Je gratte ma nuque pour cacher ma nervosité, et mens à moitié en déclarant :

- Je me promenais dans le coin, alors je me suis dis que je pourrais prendre de tes nouvelles... Il faut dire que tu es parti en coup de vent hier soir !

- Ah oui, je suis désolée, j'avais une chose très très importante à faire. D'ailleurs, peut-être qu'un jour, si cette chose importante se réalise, tu pourras m'aider...

- Et je peux savoir ce qu'est cette chose, si ce n'est pas trop indiscret ? Je comprendrais que tu ne veuilles pas me le dire évidemment, mais je suis curieux ! C'est dans ma nature, je n'y peut rien ! Je ris doucement. Et qui sait, peut-être que je pourrais t'aider dès à présent ?

Elle se mordille la lèvre, en pleine hésitation, avant de me confronter du regard un moment. J'ai l'étrange impression que ces yeux m'évaluent...

Je me redresse inconsciemment, puis elle finit par souffler :

- André, sais-tu garder un secret ? Un secret extrêmement important ?

- J'ai gardé pour moi les menaces qu'on t'a envoyé il y a quelque temps, ce n'est pas une preuve suffisante ? Je tente de la taquiner.