La Pickpocket du Moulin Rouge

Chapitre 12

Amélie

Malgré ce qu'il s'est passé il y a deux jours avec mon échec cuisant, aujourd'hui j'ai décidé de reprendre ma vie sans gang ni vol. Juste une vie normale en tant que danseuse. En route vers le Moulin Rouge avec ma grosse fourrure, je croise un chat dans la rue. Il me traîne dans les pattes, alors je décide de m'agenouiller et de le caresser. Il miaule, il doit sûrement avoir faim, alors je fouille au fond de mon sac et prends une barre de céréales que je lui donne. Puis, je reprends mon chemin comme s'il ne s'était rien passé. Arrivée au Moulin Rouge, je dis bonjour au barman comme à mon habitude, mais celui-ci m'arrête.

-Le chef t'attends dans son bureau, me dit mon collègue.

Sans plus tarder, je me rue chez mon patron et toque à son bureau, ce dernier m'indique de m'asseoir et je suis ses ordres.

-Ma chère Amélie, avant hier tu nous as offert un de tes meilleurs spectacles, m'informe-t-il avec un sourire aux lèvres.

Là, je commence à paniquer. Et si il était au courant ? Et si j'allais être virée pour la tentative de vol que j'ai faite l'autre soir ?

-Tu as chanté comme une reine l'autre soir, c'est pour cela que je te nomme chanteuse à mi-temps. Tu arrêteras ton travail de serveuse pour te consacrer à la musique, explique-t-il en voyant la détresse sur mon visage.

Soulagée par cette énorme nouvelle je souffle un coup avant de lui répondre :

-Merci énormément, c'est un grand privilège de travailler dans cet endroit. J'ai juste une question ?

-Oui, exprime toi, répond il.

-Quelles chansons devrai je chanter ? demande-je.

-Les mêmes que celles de l'autre soir, mais en plus de celles-là, vous danserez deux autres danses et ensuite vous serez libre, répond-il.

-Merci beaucoup, dis-je avant de sortir du bureau et de courir dans ma loge.

Une fois arrivée dans cette dernière, je saute de joie comme une enfant de 5 ans. Je viens d'avoir une promotion, je suis tellement heureuse et fière de moi, mais je n'ai pas le temps de fêter cela plus longtemps, je dois me préparer. Je commence par mes yeux, puis mon teint et je finis par mes lèvres, mais pendant tout ce temps je ne cesse de penser à une seule chose : le gang avec lequel je suis censée travailler et que j'ai abandonné. J'essaie d'oublier tout ça et de faire ma coiffure. Mais je ne sais pourquoi, mes cheveux ne veulent pas coopérer, alors je dois m'y reprendre plusieurs fois avant de réussir ma coiffure à la perfection.

Puis, ma meilleure amie vient me chercher pour m'informer que je dois m'installer derrière le rideau pour ma première prestation.

C'est parti pour 4 chansons...

Après ces 4 chansons, je ne pense qu'à une seule personne. Malgré ma fatigue, je pense à André... Même après le mauvais coup que je lui ai fait hier, il est venu aujourd'hui pour me voir. Et il a passé tout son temps à me fixer avec des yeux brillants d'intérêt... Et moi, comme la dernière fois, je lui ai fait un clin d'œil puis je me suis reconcentrée sur mes pas de danse et ma voix. Après mon travail, je suis partie dans ma loge, j'ai mis une robe courte noire avec des strass rouges, et ma fourrure, puis je suis sortie des coulisses pour aller le rejoindre.

-Tu vas donc venir me voir tous les soirs pour espérer que je m'intéresse à toi ? Je demande.

-Si c'est ce que je dois faire pour que tu t'intéresses à moi, je le ferai tous les jours, ma chère Phénix, répond-t-il avec amusement.

Je lève les yeux au ciel puis m'installe sur le siège vide à côté de lui.

-Ton ami n'est pas là aujourd'hui ? Je demande.

-Non, il n'y a que moi. Mais c'est bien aussi qu'on soit seuls tous les deux, non ?

-Hmm, qu'as-tu prévu ce soir ?

-Te contempler inlassablement Phénix, et profiter de ta si belle voix, dit-il en jouant avec sa montre.

-C'est dommage car je viens de finir le travail et je dois rentrer chez moi, je l'informe avec un sourire joueur.

-Aussi tôt ? Qu'est-ce qui vous retient, vous avez toute la nuit devant vous... Et pourquoi ne pas boire un verre avec moi plutôt ? Pour vous faire pardonner d'avoir voulu me voler, rétorque-t-il d'un ton joueur.

-Si vous insistez, je déclare en enlevant ma veste en fourrure pour laisser apparaître ma magnifique robe à mon cher ami.

Et après ça, nous ne nous sommes pas quittés de la nuit. Nous avons parlé de tout et de rien pendant des heures jusqu'à ce que le Moulin Rouge nous mette à la porte. Mais alors que nous sommes dehors, un homme d'une quarantaine d'années m'aborde tandis qu'André est en train de payer nos consommations à l'intérieur.

-Ma belle, avec le corps que tu as, je peux te prêter de l'argent pour assouvir mes désirs, dit-il en sifflant pour alerter ses amis.

Sentant tout l'alcool qui émane de lui, je ne lui réponds pas et lui tourne le dos. Mais ce dernier ne lâche pas l'affaire et attrape mon épaule pour que je me retourne. C'est alors qu'André décide de faire son apparition. Il déclare d'un ton glacial, le visage fermé :

-Tu as tout intérêt à la lâcher. Immédiatement. Je n'ai pas l'impression qu'elle aime ton contact, alors fous le camp. Tout de suite.

Mais l'autre insiste, et prend cette fois-ci mon poignet en le serrant tellement fort que j'aurais pu hurler de douleur, mais étant donné que nous sommes en public je n'en fais rien. Cela dit, je commence à trembler de peur, je suis complètement terrorisée, les larmes commencent même à monter.

André se dirige alors droit sur l'homme, lui attrape le bras d'un geste vif avant de le lui retourner dans le dos. Il gronde alors entre ses dents serrées :

-Visiblement je me suis mal fait comprendre, donc je vais répéter une dernière fois.

Il tord encore plus fort le bras de l'homme, assez fort pour que ce dernier laisse échapper des gémissements de souffrance. Puis il articule sèchement :

-Ne touche pas. Mon. Phénix.

Il continue de lui tordre le bras de plus en plus fort, un sourire froid se dessinant sur ses lèvres lorsque l'homme commence à crier de douleur. Grâce à la force d'André, ce dernier lâche mon poignet et je recule le plus loin de lui. Tandis qu'André le défi du regard, j'essaye de reprendre mes esprits. Lorsque j'entends ce vieil homme crier de douleur, un rire s'échappe de ma bouche.